Logo ETI Quitter la lecture facile
Visuel AFP

AFP

Stocamine: « On nous a baladés », regrette la Collectivité européenne d’Alsace

Posté le par AFP

« On nous a baladés »: Frédéric Bierry, président de la Collectivité européenne d’Alsace (CEA) regrette l’entêtement de l’Etat sur le dossier Stocamine, cette ancienne mine proche de Mulhouse (Haut-Rhin) où sont entreposées 44.000 tonnes de déchets dangereux que les élus locaux aimeraient voir déstockées.

Ancienne mine de potasse reconvertie en site de stockage, Stocamine héberge, à 550 mètres de profondeur 42.000 tonnes de déchets toxiques (cyanure, arsenic…) censés être non-inflammables. La question de leur devenir se pose depuis un incendie survenu dans la mine en 2002, un sujet d’autant plus brûlant que les galeries de stockage s’affaissent progressivement.

« Franchement, on nous a baladés, quand on voit comme ça pourrait être encore simple de sortir un certain nombre de déchets, il y a un parti pris », a fustigé vendredi le président de la CEA, fruit de la fusion des conseils départementaux du Bas-Rhin et du Haut-Rhin.

« Est-ce qu’il y a des choses à cacher, je ne sais pas. Il y a quand même des choses particulières qui se sont passées: on nous avait dit que ça ne pourrait jamais prendre feu… et ça a pris feu. Sur la réalité des déchets, on a sans doute des choses qu’on ne veut pas nous dire », a-t-il déclaré lors d’une rencontre avec la presse.

Le site est situé sous la nappe phréatique d’Alsace, la plus grande d’Europe, qui, selon une enquête d’utilité publique, noiera les galeries et les matières toxiques qui s’y trouvent d’ici 300 ans au plus tard.

Les élus locaux veulent sortir un maximum de déchets mais l’Etat, estimant l’opération trop dangereuse, a décidé de confiner définitivement les déchets restants dans du béton.

– « Erreurs manifestes » –

Après un recours en annulation déposé par la CEA, le tribunal administratif doit rendre dans les prochaines semaines une décision sur l’arrêté préfectoral autorisant ces opérations de confinement, alors que le coulage du béton a déjà commencé.

La CEA pointe les insuffisances de l’étude d’impact sur l’équilibre des cours d’eau et des milieux humides en surface, ainsi que le manque d’éléments sur la faisabilité d’un déstockage par des robots.

« Les progrès technologiques vont permettre le déstockage. Dans les dix ans à venir, avec la robotique, on sera en capacité de le faire, mais il faut inscrire dès à présent les budgets, il faut que l’Etat s’engage », a insisté M. Bierry.

« Et puis, très récemment, on s’est rendu compte que des éléments n’avaient pas été pris en compte dans les études, et notamment l’épaisseur des cuvelages (parois, ndlr) du puits. On a tenu compte d’une épaisseur de cuvelage qui datait de 1910, sans tenir compte de l’érosion de ce cuvelage. Aujourd’hui, ça change complètement l’épaisseur d’origine et la capacité de cuvelage de résister en cas de séisme. Il y a donc des erreurs manifestes dans ces études et, du coup, la durée d’ennoyage (engloutissement, ndlr) est totalement surestimée », a encore souligné le président de la CEA.

En attendant, la collectivité a décidé de missionner un expert de la Cour de cassation pour intervenir en référé dans le contentieux.

« Franchement, je me souviens encore quand Barbara Pompili (alors ministre de la Transition écologique, NDLR) est venue (en janvier 2021). C’est scandaleux, elle nous a traités par le mépris », se souvient encore M. Bierry. « La situation est grave. Cette opacité, au regard de l’historique du dossier, nous interroge. »

« Tous droits de reproduction et de représentation réservés. © 2025 Agence France-Presse. »

Posté le par AFP


Réagissez à cet article

Commentaire sans connexion

Pour déposer un commentaire en mode invité (sans créer de compte ou sans vous connecter), c’est ici.

Captcha

Connectez-vous

Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous et retrouvez plus tard tous vos commentaires dans votre espace personnel.

INSCRIVEZ-VOUS
AUX NEWSLETTERS GRATUITES !