Le salaire minimum ayant augmenté en France de façon « anticipée » au 1er novembre, il est « probable » qu’il n’y ait pas de revalorisation automatique supplémentaire au 1er janvier, selon le rapport annuel du groupe d’experts sur le Smic, consulté jeudi par l’AFP.
Ce groupe créé par la loi en 2008, présidé par Stéphane Carcillo, indique qu’au vu des chiffres provisoires de l’inflation, « la revalorisation automatique du Smic serait de 1,95% au 1er janvier 2025 ».
« Or, le gouvernement a décidé une hausse – qu’il a qualifiée d’anticipée – de 2% au 1er novembre 2024, soit un peu plus que l’estimation de 1,95% », indique le rapport, qui souligne que « si ces chiffres provisoires sont confirmés, il n’y aura pas de revalorisation supplémentaire au 1er janvier 2025 ».
Le Smic – actuellement de 1.426,30 euros nets mensuels – bénéficie chaque année d’une hausse mécanique, calculée selon deux critères: l’inflation constatée pour les 20% de ménages aux plus faibles revenus et la moitié du gain de pouvoir d’achat du salaire horaire de base ouvrier et employé (SHBOE).
« Si l’inflation observée en novembre 2024 était supérieure au chiffre d’octobre 2024 dans des proportions suffisantes pour tirer la revalorisation automatique au-delà de 2%, le Smic enregistrerait alors mécaniquement une hausse résiduelle à hauteur de cet écart entre les 2% déjà appliqués fin 2024 et la hausse prévue par la formule », précisent les experts.
Ils rappellent que « depuis la fin de l’année 2020, le Smic a augmenté de 17% à la faveur de neuf revalorisations, dont quatre revalorisations au 1er janvier auxquelles s’ajoutent quatre revalorisations anticipées en cours d’année en raison de la forte inflation » et la revalorisation « anticipée » de novembre.
L’inflation sur la même période « a progressé d’un peu moins de 15%, protégeant ainsi le pouvoir d’achat des salariés concernés », indique le rapport.
Dans ces conditions, le panel d’économistes, consulté chaque année depuis 2008 avant chaque potentielle revalorisation, déconseille au gouvernement d’accorder un « coup de pouce » au 1er janvier au delà des mécanismes automatiques, comme il le déconseille habituellement.
Les experts arguent notamment que ce serait « préjudiciable à l’emploi des personnes les plus vulnérables » et que cela « accentuerait la compression de l’échelle des salaires ».
Comme les années précédentes, ils réaffirment « la nécessité d’une réforme ambitieuse des règles de revalorisation automatiques du Smic ». Ils plaident notamment que l’évolution du Smic « ne devrait pas être déconnectée de celle des autres salaires ».
Selon des données du ministère du Travail, la part des salariés concernés par la hausse du Smic au 1er janvier 2024 s’est élevée à 14,6% après 17,3% en 2023.
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