Un navire transportant des centaines de tonnes de déchets industriels, supposés toxiques, est arrivé lundi en Albanie, point de départ de ce chargement refusé par la Thaïlande, après une errance en mer de plusieurs mois, a indiqué une ONG spécialisée dans la traque des déchets toxiques.
« Le navire est ancré à Durrës, à environ un kilomètre du port », a dit à l’AFP Jim Puckett, directeur exécutif de l’organisation Basel Action Network (BAN), qui se trouve lui-même dans le principal port albanais, dans l’ouest du pays, où il attendait l’arrivée du bateau.
Le porte-conteneurs Moliva, battant pavillon turc, est chargé, selon la même source, « de 102 conteneurs, soit 2100 tonnes » de déchets suspects.
La cargaison avait quitté l’Albanie en juillet. Selon les documents fournis alors aux douanes albanaises, il s’agit de déchets industriels, plus précisément d' »oxyde de fer », dont l’exportation est autorisée.
Mais, d’après les informations transmises au BAN par un lanceur d’alerte, il s’agirait de « poussières de four électrique à arc ». Classées dans la catégorie des déchets toxiques, ces poussières doivent être stockées et transportées dans des conditions très strictes.
Finalement refusés par la Thaïlande, les déchets ont fait demi-tour et ont regagné l’Albanie après plusieurs mois en mer et des escales en Espagne, au Portugal, en Italie et en Turquie.
« Le transfert de ces déchets a suscité beaucoup de controverses. Certains affirment qu’il ne s’agit pas de déchets dangereux. Nous affirmons que nous sommes sûr à 95% qu’il en est question », a déclaré plus tard dans la journée M. Puckett, en conférence de presse dans le port de Durrës.
L’ONG suppose qu’il s’agit de « poussières d’acier collectées par des filtres dans les aciéries d’Elbasan » (centre), a-t-il ajouté.
« Si ce que nous affirmons est vrai (…) cette exportation était une exportation criminelle qui n’aurait jamais dû avoir lieu », a dit M. Puckett.
Le Basel Action Network, basée aux Etats-Unis et dont les représentants devraient être reçus dans la journée au ministère de l’Environnement, demandent aux autorités albanaises de prendre part au prélèvement d’échantillons pour déterminer de quoi il s’agit et identifier « le producteur et l’origine de ces déchets », a expliqué Jim Puckett.
Le parquet de Durrës a ouvert une enquête pour « contrebande de marchandises interdites » et « abus du pouvoir », en coopération avec l’Office européen de lutte antifraude (OLAF).
Dans l’attente de l’arrivée de la cargaison, le parquet avait ordonné dimanche « la mise sous séquestre » des conteneurs, afin de préparer leur ouverture dans des circonstances « sécurisées ».
L’envoi des déchets industriels par des pays occidentaux pour être sous-traités ailleurs, en Asie ou en Afrique, est un commerce mondial régulièrement dénoncé par les ONG de défense de l’environnement. Il représente entre 44 et 70 milliards d’euros par an, selon leurs estimations.
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