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Quelles garanties et quels enjeux pour le Doliprane?

Posté le par AFP

Le Doliprane, marque très populaire de paracétamol en France, va passer sous contrôle du fonds d’investissements américain CD&R. Voici ce que l’on sait des engagements qui ont pu être formalisés entre l’Etat, Sanofi et le repreneur.

Quelle transformation au capital d’Opella ?

Le groupe pharmaceutique Sanofi a confirmé lundi s’allier au fonds d’investissement américain CD&R pour lui céder potentiellement le contrôle de sa filiale Opella, qui commercialise le Doliprane, pour une valeur d’entreprise d’environ 16 milliards d’euros.

Sanofi resterait actionnaire à hauteur d’environ 48%, tandis que la banque publique française d’investissement Bpifrance devrait entrer au capital d’Opella à hauteur « de 1 à 2% ».

L’État sera présent via Bpifrance dans cette stratégie industrielle et sanitaire « pour être pleinement associé aux futures décisions de l’entreprise », selon Bercy.

Quelles sont les garanties prévues?

L’Etat a discuté avec les différentes parties pour aboutir à un accord portant sur des engagements garantissant notamment la production du Doliprane en France et de l’approvisionnement du marché français.

Cet accord prévoit le maintien des deux sites français de production d’Opella à Lisieux (Calvados) et Compiègne (Oise), pendant cinq ans au moins.

Ce maintien de la production « est assorti d’une sanction qui peut aller jusqu’à 40 millions d’euros si d’aventure la production devait s’arrêter », a précisé le ministre de l’Industrie Marc Ferracci.

Le deuxième engagement concerne la protection de l’emploi: pour chaque licenciement économique contraint dans le cadre d’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) à Lisieux et Compiègne, une pénalité de 100.000 euros sera appliquée.

Pour préserver l’emploi, l’accord inclut « le maintien des volumes minimaux de production en France pour les produits sensibles d’Opella », dont le Doliprane (paracétamol), le Lanzor (contre les troubles digestifs) et l’Aspegic (aspirine).

Sanofi et le futur actionnaire majoritaire CD&R, ont consenti à s’engager sur un volume de production, correspondant à « 250 millions de boîtes de Doliprane par an » pour le marché français, a chiffré Marc Ferracci.

L’accord acte aussi le maintien du siège et des activités de R&D en France.

Il fixe en outre un objectif d’investissement en France de 70 millions d’euros cumulés sur les cinq prochaines années.

Sanofi à bord mais combien de temps ?

« Nous croyons à la création de valeur d’Opella. C’est pour cette raison que nous restons à bord », a expliqué le directeur général de Sanofi Paul Hudson. Quant à la durée de sa participation au capital d’Opella, elle est, selon lui, conçue pour « le plus longtemps possible ».

L’accord « n’a pas vocation pour un certain nombre de ses dispositifs à échoir dans le temps », a assuré de son côté M. Armand. Mais, « il n’y a aucune indication qui porte sur le futur » d’un maintien de Sanofi au capital, ceci relevant de la décision de l’entreprise, a-t-il concédé.

Adrien Mekhnache, délégué syndical CFDT sur le site de Compiègne craint que l’engagement repose sur « du très court terme, pas du tout suffisant ».

Opella compte 1.700 salariés en France, dont 480 sur son site de Compiègne et 250 à Lisieux.

Quid du décret Montebourg ?

La procédure de contrôle des investissements étrangers en France – dite « décret Montebourg – s’appliquera sous le pilotage de la Direction Générale du Trésor, dans le calendrier fixé par le décret, selon l’exécutif.

Dans certains secteurs stratégiques (défense, énergie, technologie…), Bercy peut contrôler les investissements étrangers pour autant que l’investisseur ne soit pas européen et franchisse le seuil de 10% des droits de vote d’une société cotée.

Mais pour Vincent Brenot, avocat associé du cabinet August Debouzy, « juridiquement, il est loin d’être acquis que cette opération entre dans le champ d’application du contrôle des investissements étrangers ».

« Acquérir une entreprise qui fabrique un produit qui est très largement fabriqué par d’autres opérateurs français, cela ne remet pas en cause la protection de la santé publique au niveau national », ajoute-t-il auprès de l’AFP.

Quelles perspectives pour le paracétamol en France?

« Rien ne change pour le Doliprane », a assuré Paul Hudson, lundi.

« Le Doliprane et les autres médicaments produits par l’entreprise continueront de l’être en France », a abondé Antoine Armand.

Et pour cause, l’Etat a obtenu de CD&R « le maintien de l’approvisionnement d’Opella auprès de fournisseurs et sous-traitants français ». A défaut, une pénalité pouvant atteindre 100 millions d’euros est prévue.

Le repreneur est lié par « un contrat de fourniture à long terme » auprès du chimiste Seqens, qui contribue à relocaliser en France une partie de la production de paracétamol longtemps délocalisée.

Les sites de Lisieux et Compiègne ne fabriquent pas ce principe actif mais y ajoutent des excipients pour obtenir le Doliprane.

Seqens, qui construit une usine de production de paracétamol d’une capacité de 10.000 tonnes de paracétamol par an à Roussillon en Isère, peut également compter sur son autre partenaire Upsa (Efferalgan et Dafalgan).

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