Plus de 160 sénateurs de la droite et du centre ont appelé mercredi François Bayrou à « renoncer » à la publication imminente de la future programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), fustigeant l’absence de « vision globale » derrière cette feuille de route.
Dans un courrier largement cosigné dont l’AFP a obtenu copie, les parlementaires interpellent le Premier ministre pour l’inciter à « reprendre le travail » sur les ambitions énergétiques de la France afin de « permettre au Parlement de voter sur le futur mix énergétique » du pays.
La troisième Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), qui fixe des objectifs en matière de production et de consommation d’énergie sur la période 2025-2035 pour mettre la France sur la voie de la neutralité carbone en 2050, est en voie de finalisation.
Le gouvernement entend en effet adopter cette « PPE 3 » par un décret dont la publication est attendue d’ici le début du mois d’avril selon Bercy, après une dernière consultation du public lancée vendredi par le ministère de l’Energie et censée apporter d’ultimes remarques.
« La concertation publique sur le sujet aurait dû faire sensiblement évoluer ce projet mais cela n’a malheureusement pas été le cas », s’inquiètent les premiers signataires du courrier des sénateurs, Vincent Delahaye (centriste) et Stéphane Piednoir (Les Républicains).
Les deux sénateurs regrettent que le travail parlementaire soit « ignoré », en référence à une proposition de loi du Sénat sur la programmation nationale de l’énergie, adoptée à l’automne à la chambre haute, et à une commission d’enquête sur le prix de l’électricité menée l’année dernière.
« Sur un sujet aussi majeur pour l’avenir de notre pays il nous semblerait totalement inconcevable que la représentation nationale soit ignorée », assurent-ils, alors que le gouvernement veut recentrer, notamment, son soutien à l’énergie solaire dans ce projet de programmation énergétique.
Ce projet a fait l’objet de plusieurs avis sceptiques ces dernières semaines (Haut-commissaire à l’énergie atomique, Conseil supérieur de l’énergie, Haut conseil pour le climat…), après une concertation d’acteurs lancée fin 2024.
La trajectoire présentée dans le projet de PPE 3 prévoit de ramener la part des énergies fossiles dans la consommation finale énergétique en France de 58% en 2023 à 42% en 2030, puis 30% en 2035. Dans le même temps, l’électricité augmentera de 27% à 34% puis 39% et les énergies renouvelables hors électricité (géothermie, biomasse…), de 15% à 23% puis 30%.
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