De la chambre à coucher aux réseaux sociaux, le Musée des Arts décoratifs (MAD) de Paris invite jusqu’au 30 mars à s’immiscer dans l’intime, en explorant, à travers les époques, les endroits où il se déploie.
Peintures, photographies, meubles, articles de toilette, sex-toys… L’exposition rassemble près de 490 objets d’art et du quotidien pour offrir une réflexion indiscrète sur la manière dont ils racontent les multiples facettes de la sphère intime.
« Les objets ne sont pas anodins. Ils racontent un certain niveau d’indépendance et d’intimité. En avoir, c’est construire son identité », souligne auprès de l’AFP Christine Macel, commissaire de l’exposition pensée comme une « mission d’éducation pour que les générations se comprennent mieux ».
Le parcours à peine commencé, le visiteur joue les voyeurs en se glissant dans les premiers lieux de l’intime. De la chambre à soi, peinte ou reconstituée, aux ustensiles d’hygiène et de beauté, en passant par ceux dédiés à la sexualité.
« Il y a une très forte pudeur chez les jeunes par rapport à plein de sujets, malgré tous les discours de libération néo-féministes. Ce sont en fait plutôt les femmes qui ont grandi au plus tard dans les années 1970 qui assument tout à fait les questions par rapport au désir féminin, par exemple », précise la conseillère artistique et scientifique.
Dans une scénographie centrée sur les femmes, premières maîtresses du domestique et de l’intimité dans la société du XVIIIe siècle, les représentations de l’intimité masculine se font rares, peinant à se révéler dans l’ombre de l’idéal viriliste.
A mi-chemin du voyage au coeur de nos jardins secrets, 25 pièces de design célèbrent l’intimité partagée, avant de laisser place à l’intime brouillé, transformé par les époques, et la nôtre en particulier.
Qu’est-ce qui est intime de nos jours ? L’exposition interroge les frontières entre privé et public, devenues floues et poreuses à l’heure des réseaux sociaux, des caméras de télésurveillance et de l’intelligence artificielle.
En pleine ère numérique, où il est « particulièrement difficile de créer de vrais liens intimes et authentiques », selon la commissaire, « sommes-nous devenus trop obsédés par nous-mêmes, par l’intime, au détriment de la vie publique ? »
D’une salle à l’autre, l’intime individualiste puis partagé laisse place à l’intime absent, mis de côté par l’extrême précarité du malade, du migrant ou encore du sans-abri exposé malgré lui à tous les regards.
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