Un juge allemand s’est dit mercredi sceptique quant au risque d’inondation de la maison d’un paysan péruvien qui a porté plainte contre le géant de l’énergie RWE, auquel il demande de réparer les effets du changement climatique dans les Andes.
Il n’existe « encore aucun » risque concret de submersion de la maison par les eaux du lac Palcacocha, a dit Rolf Meyer, le juge du tribunal de Hamm, dans le nord-ouest de l’Allemagne, au deuxième jour d’audience de cette emblématique affaire de « justice climatique ».
Le risque pour la maison du plaignant doit être « palpable » et « concret », a souligné le juge.
Le tribunal a indiqué qu’il rendraIT sa décision le 14 avril.
L’agriculteur Saul Luciano Lliuya et Germanwatch, l’ONG qui le soutient, demandent à RWE, l’un des principaux groupes énergétiques d’Allemagne, de participer aux travaux pour réduire le niveau d’eau du lac à hauteur de sa responsabilité dans les émissions mondiales de gaz à effet de serre, soit 0,47%.
Le tribunal doit d’abord évaluer le risque de crue pour la maison de M. Lliuya. Si celui-ci est considéré comme sérieux, il examinera ensuite dans quelle mesure le changement climatique et les émissions de RWE contribuent à une potentielle inondation.
Lundi et mercredi, deux experts ont été interrogés sur ce risque. L’un des deux experts, l’ingénieur Rolf Katzenbach, l’a jugé « improbable » et évalué à moins de 1% sur la période des trente prochaines années.
L’expert « a choisi une méthode qui le rend pratiquement aveugle d’un oeil » pour certains risques, a estimé mercredi avant l’audience l’avocate de M. Lliuya, Roda Verheyen, « très surprise par le côté définitif » de ses affirmations.
Les plaignants ont reproché à M. Katzenbach de se concentrer trop sur le risque d’avalanches de glace aux dépens de celui d’éboulements et sur les données passées au détriment des projections.
Une délégation mandatée par le tribunal s’est rendue en 2022 au Pérou pour observer la situation sur place.
La plainte de M. Lliuya, qui a fait le déplacement en Allemagne pour assister à l’audience, remonte à bientôt dix ans.
Fin 2017, il avait obtenu un premier succès lorsque sa requête avait été jugée recevable en appel, après avoir été retoquée en première instance.
Cette décision avait suscité l’espoir des militants de l’environnement d’en faire un cas précurseur de « justice climatique mondiale », concept politique selon lequel le Nord pollueur doit dédommager les pays du Sud victimes de la pollution.
bur-pyv/smk/LyS
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