Des pâtes principalement venues d’Italie, des poulets du Brésil ou d’Ukraine, une production en beurre insuffisante pour l’énorme demande et des pommes exportées outre-Manche… Zoom sur la souveraineté alimentaire de la France en quelques produits emblématiques.
– Deux tiers des pâtes importés –
Les pâtes alimentaires – fabriquées à partir de blé dur quand le blé tendre sert à faire le pain – illustrent un paradoxe.
La France est le deuxième producteur européen de blé dur, derrière l’Italie, avec près d’1,3 million de tonnes en 2023.
Cela devrait en théorie suffire à satisfaire l’appétit grandissant des Français pour les coquillettes et tagliatelles.
Mais les deux tiers de la production de la céréale sont exportés, majoritairement vers l’Italie, et reviennent sous forme de pâtes.
« On ne transforme pas assez notre blé dur en France », dit le président de la filière Intercéréales Jean-François Loiseau.
Un « plan de souveraineté » de 43 millions d’euros sur cinq ans a été lancé l’année dernière au Salon de l’agriculture pour relancer une filière en perte de vitesse.
Les surfaces consacrées à cette culture ont été divisées par deux en moins de 15 ans.
– Pas de cocorico sur le poulet –
« Une étape historique », se vante la filière: en 2024, la volaille a dépassé le porc, devenant la viande la plus consommée en France, avec 31,6 kilogrammes par an et par habitant, contre 24 kg en moyenne dans l’Union européenne. Seul le Portugal la devance.
Malgré une production qui a retrouvé ses niveaux d’avant-crise de la grippe aviaire grâce à la vaccination des canards, près d’un poulet sur deux consommés en France reste importé, d’Amérique du Sud, d’Ukraine et, loin derrière mais de plus en plus, de Chine, selon l’interprofession (Anvol).
Le déficit commercial de la France sur les volailles est de plus d’un milliard d’euros, principalement pour alimenter les marchés de la restauration hors domicile (restaurants, cantines) et de l’industrie alimentaire.
L’objectif de la filière est de construire 400 poulaillers d’une capacité d’environ 30.000 volailles d’ici cinq ans afin de réduire – un peu – ce déficit. Mais, si les Français aiment le poulet, la majorité sont contre l’installation d’un poulailler près de chez eux.
– Forte demande de beurre –
Dans les pâtes, les viennoiseries ou sur les tartines, les Français sont les premiers consommateurs mondiaux de beurre, à raison de 8 kg par habitant et par an en moyenne.
Face à cette demande, l’offre nationale est insuffisante, quand bien même la France est le deuxième producteur européen de lait de vache, derrière l’Allemagne.
Environ 23 milliards de litres y ont été collectés en 2024, principalement dans le Nord-Ouest (Bretagne, Normandie, Pays de la Loire), une légère reprise d’environ 1% après trois années de baisse.
Le rebond de la production de beurre n’a atteint que 0,5%, insuffisant par rapport à la hausse de la consommation. Résultat: la France importe entre deux et trois fois plus de beurre qu’elle n’en exporte.
Selon une enquête Circana, la consommation mondiale de produits laitiers frais et de beurre devrait augmenter de respectivement 18% et 16% d’ici 2033, loin devant la consommation de viande, de fromage ou même de céréales et de sucre.
– La pomme, exception fruitière –
Environ un fruit et légume sur deux consommés aujourd’hui en France arrive de l’étranger et ce n’est pas seulement dû à la consommation de produits « tropicaux ».
Les importations françaises de fruits dits « tempérés » — adaptés à la zone climatique de la France — ont plus que doublé entre 2003 et 2023.
La pomme fait figure d’exception dans ce tableau, la production intérieure étant largement supérieure à la consommation, avec 20% de la production exportée, notamment vers le Royaume-Uni, partenaire historique.
« Il y a largement de quoi assurer la souveraineté alimentaire, avec encore de la marge, mais encore faut-il pouvoir continuer à produire », met en garde Sandrine Gaborieau, responsable marketing et communication de l’Association nationale pommes poires.
« On était le premier exportateur mondial (de pommes) il y a 20 ans et on est aujourd’hui autour de la septième place », relève-t-elle, pointant du doigt « un problème de compétitivité » dans un marché international de plus en plus concurrentiel.
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