« L’activité monte crescendo »: les chocolatiers entrent dans la dernière ligne droite avant Pâques dimanche, qui s’annonce plutôt de bon augure cette année, car la crise sanitaire a renforcé l’appétit des Français pour les gourmandises cacaotées.
A l’entrée de la boutique Edwart, dans le quartier du Marais à Paris, panda, singe et kangourou en chocolat, ornés de chapeaux comestibles colorés, attendent les clients, dans un décor de bois et de feuillage, à l’image d’une forêt tropicale.
« L’activité monte crescendo jusqu’au lundi de Pâques », indique à l’AFP Pierre-Benoit Sucheyre, directeur de cette marque artisanale qui anticipe « un bon cru », notamment grâce aux ventes en ligne et au « click-and-collect ». Sur le site internet, une partie de la collection de Pâques est déjà en rupture de stock.
Cet événement est crucial pour les chocolatiers. Il peut représenter jusqu’à 30% de leur chiffre d’affaires annuel.
« Je suis plutôt confiant, nous nous sommes organisés pour que ça marche », commente Loic Lallier, directeur du développement commercial France de Ferrero. Le groupe a notamment renforcé sa présence en magasin et sur les sites de « drive » des distributeurs, un canal de vente pris d’assaut en cas de confinement.
Autre élément rassurant pour les professionnels: la crise sanitaire a renforcé l’appétit des Français pour le chocolat. « Il y a un recentrage sur la famille, les gens essaient de passer de bons moments ensemble en partageant par exemple un goûter avec des confiseries », observe M. Lallier.
« Comme il n’est plus possible d’aller au restaurant ou de voyager, il semble que les gens basculent leurs dépenses sur du plaisir gourmand », note Clémentine Alzial, directrice générale de Valrhona. Le fabricant de chocolat qui fournit les professionnels de la gastronomie est revenu sur des tendances « proches » de celles de « l’avant-Covid », du fait d’une activité plus soutenue des artisans qui compense presque l’absence de celle des restaurateurs.
« Avec l’arrêt des secteurs de l’hôtellerie et de la restauration, nous avons clairement vu un transfert de la demande (en cacao) vers la grande distribution », relève de son côté Franck Trifol, directeur commercial Europe du sud de l’activité chocolat de Cargill, deuxième transformateur mondial de fèves de cacao.
Le marché européen a limité son recul à environ 5% l’an dernier, selon lui.
– Click and collect –
En France, la vente de chocolat dans la grande distribution a atteint 2,9 milliards d’euros l’an dernier (+0,3%), malgré une période de Pâques râtée (-26,6%) en raison du premier confinement, selon le cabinet Nielsen IQ. La tendance est à présent à une progression plus nette.
Les signaux sont plutôt au vert pour les fêtes pascales 2021, mais l’incertitude demeure à l’heure où la situation sanitaire se dégrade dans l’Hexagone et les appels à de nouvelles restrictions se multiplient. Même si les chocolatiers ont obtenu d’être désignés essentiels par le gouvernement et de rester ouverts dans les départements récemment reconfinés, dont Paris.
Les décisions d’Emmanuel Macron attendues mercredi ou jeudi perturberont-elles la dernière ligne droite pour les chocolatiers?
« Nous nous sommes donné les moyens de faire un Pâques normal, mais il y a des paramètres que nous ne maîtrisons pas du tout », souligne Steve Dolfi, co-propriétaire de l’entreprise familiale A la mère de famille. « Nous espérons que les gens vont venir ».
Dans la boutique historique, située dans le IXe arrondissement de Paris, des poules en chocolat presque grandeur nature sont installées dans des paniers garnis d’oeufs dorés, sur un présentoir central. A l’arrière, sur les étagères en bois foncé, les animaux de toutes tailles, ornés de rubans orange, attirent les clients, comme Marie-Pierre.
La retraitée rassemble chiens, chats et canards en chocolat au lait pour ses deux petits-enfants qui vivent au Mans. « Je leur offrirai quand on pourra se voir », précise-t-elle.
Pour ceux qui ne veulent pas patienter, les chocolatiers mettent en avant leurs services de livraison.
« Le contexte n’est pas évident mais nos adhérents ont anticipé au maximum la situation », commente Gilles Rouvière, secrétaire général du Syndicat du chocolat.
« La plupart ont compris l’enjeu des outils numériques qui permettent aux consommateurs d’accéder aux produits », ajoute-t-il en espérant que les festivités pascales permettront aux plus petits acteurs de retrouver un peu d’air.
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