Le fondateur d’un média en ligne a comparu vendredi au Pakistan pour « vidéos hostiles à l’État », selon l’accusation consultée par l’AFP, une affaire jugée en vertu d’une récente loi qui prévoit jusqu’à trois ans de prison pour « désinformation en ligne ».
Farhan Mallick, patron de Raftar, a été placé en détention provisoire pour trois jours avant une nouvelle audience mardi, indique son média sur X.
« Jusqu’ici, aucune preuve concrète n’a été présentée pour appuyer les accusations d’+hostilité à l’État+ portées contre M. Mallick ou Raftar », précise la plateforme, qui publie des vidéos d’entretiens ou de décryptages de l’actualité ou de l’histoire du cinquième pays le plus peuplé au monde.
Plusieurs de ces vidéos, vues des millions de fois ces dernières années, sont consacrées au rôle de la puissante armée, qui passe pour impliquée autant en politique que dans l’économie nationale, selon les experts.
Le procès-verbal accusant M. Mallick de « générer et disséminer des publications et des vidéos hostiles à l’État, avec pour objectif la désinformation et l’incitation du public à la violence », a été établi jeudi à la mi-journée par l’Agence fédérale d’enquête (FIA), section anti-cybercriminalité du ministère de l’Intérieur.
Peu après, ses agents sont venus à Raftar « convoquer verbalement M. Mallick », selon le média. « Il s’est présenté (à leur siège) mais après l’avoir fait attendre des heures sans raison, les autorités l’ont arrêté ».
La Commission pakistanaise des droits humains (HRCP), principale ONG de défense des libertés du pays, a réclamé sa libération « immédiate », appelant les autorités à « vérifier les excès des agences comme la FIA et protéger la liberté d’expression ».
Fin janvier, le Parlement avait amendé sa « loi sur la prévention des crimes en ligne », prolongeant de deux à trois ans de prison la peine pour quiconque « dissémine de façon intentionnelle » en ligne des informations « fausses » ou qui « pourraient causer la panique ».
Pour l’avocate Imaan Mizari, qui a défendu de nombreux journalistes, l’arrestation de M. Mallick prouve que « ces amendements visent à museler les voix dissidentes, à enlever, arrêter et détenir les journalistes et faire taire toute critique de l’État ».
Islamabad est de longue date critiqué par les ONG pour ses restrictions au réseau internet: ces dernières années, YouTube et TikTok ont été bannis un temps du pays, et X y est désormais officiellement inaccessible.
Le Pakistan est 152e sur 180 pays au classement de la liberté de la presse de l’ONG Reporters sans frontières (RSF).
Mercredi, RSF dénonçait « des représailles intolérables » envers les deux frères d’un journaliste exilé aux États-Unis, Ahmed Noorani.
« Ils ont été enlevés – vraisemblablement par des agents du renseignement – après son enquête sur le chef de l’armée », selon RSF.
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