Des défenseurs de l’environnement ont appelé jeudi des banques à se retirer du projet de la société EACOP qui a annoncé la veille avoir bouclé la première tranche du financement externe du plus long oléoduc chauffé du monde, entre l’ouest de l’Ouganda et un port tanzanien.
L’oléduc de 1.443 km fait partie d’un programme d’investissement de 10 milliards de dollars (neuf milliards d’euros) de TotalEnergies, la compagnie chinoise CNOOC, l’Ouganda et la Tanzanie, qui prévoit également le forage de plus de 400 puits de pétrole dans la région du lac Albert (ouest de l’Ouganda), menaçant selon des associations de défense de l’environnement le fragile écosystème de la région et les populations qui y vivent.
La société EACOP (East African Crude Oil Pipeline) s’est dite mercredi soir « heureuse d’annoncer qu’elle a clôturé la première tranche de financement externe du projet, assuré par un consortium d’institutions financières ».
Et ce communiqué de citer comme financeurs la Banque africaine d’import-export (Afreximbank), la Standard Bank sud-africaine, deux banques ougandaises et l’ICD, une banque de développement islamique.
Contactés par l’AFP, des défenseurs de l’environnement on appelé jeudi ces banques à revenir sur leur décision.
« Nous exigeons que les banques qui financent le projet reconsidèrent leur position », a affirmé Samuel Okulony, directeur exécutif de l’Institut de gouvernance environnementale basé en Ouganda.
« C’est décevant, surtout au vu des banques qui opèrent en Ouganda (…) dans un contexte où nous sommes déjà confrontés aux conséquences du changement climatique », a-t-il poursuivi, au lendemain d’inondations qui ont fait au moins sept morts dans la capitale Kampala.
Défendu par le président Yoweri Museveni, qui dirige le pays d’une main de fer depuis 1986, ce projet est vivement contesté par des militants et groupes de défense de l’environnement, qui dénoncent des expulsions forcées répétées, les violences et le harcèlement commis par les soldats ougandais contre des pêcheurs, ainsi que des cas de violences et d’exploitation sexuelles et sexistes commises par les militaires et le personnel des compagnies.
Des accusations qualifiées d' »allégations » par un ministre ougandais, et contre lesquelles la société EACOP a exprimé « son plus ferme désaccord ».
L’avocat ougandais Kato Tumusiime qui représente des jeunes opposants au projet, a souligné que quatre d’entre eux croupissent toujours en prison, accusés de « nuisance publique », et a appelé les banques à leur rendre justice et à renoncer au projet de financement.
« Nous poursuivrons nos activités pour que davantage de banques refusent de participer au financement de l’EACOP, » a-t-il assuré à l’AFP.
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