Les profils des nouveaux agriculteurs qui s’installent sont bien plus variés que la vision schématique distinguant enfants d’exploitants et néo-ruraux en reconversion professionnelle, selon les premiers résultats d’une étude nationale dévoilés jeudi.
Même si plus de la moitié (55%) des exploitants récemment installés restent issus du monde agricole, avec au moins un parent agriculteur, l’enquête Agrinovo, qui analyse des données recueillies auprès de 3.400 nouveaux agriculteurs, a permis de dégager cinq profils type, « dépassant l’opposition classique entre héritiers et reconvertis », explique la coordinatrice de l’étude, Caroline Mazaud, enseignante-chercheuse en sociologie à l’Ecole supérieure des agricultures (ESA) d’Angers (Maine-et-Loire), citée dans un communiqué.
Parmi les nouveaux installés, environ un tiers (34%) sont des enfants d’agriculteurs – principalement des hommes jeunes – ayant suivi une formation agricole et qui s’installent rapidement, souvent en reprenant une exploitation familiale.
Un deuxième profil, majoritairement féminin et représentant 22% des nouveaux exploitants, se dessine avec des enfants d’agriculteurs sans formation agricole initiale et ayant d’abord exercé un autre métier.
Au-delà de ces professionnels avec un ancrage familial dans le monde agricole, une troisième catégorie (16%) rassemble des nouveaux agriculteurs issus des classes populaires vivant déjà en zone rurale avant leur installation.
Les deux derniers groupes réunissent des urbains réalisant une reconversion professionnelle dans l’agriculture, issus des classes moyennes (20%) ou supérieures (8%).
Avec cet éclairage sur les différentes manières d’être agriculteur aujourd’hui, cette enquête, financée par le ministère de l’Agriculture, vise à mieux cerner les attentes des candidats à l’installation.
Un enjeu prioritaire pour les pouvoirs publics, déterminés à favoriser le renouvellement des générations puisque la moitié des agriculteurs recensés en 2020 atteindront l’âge de la retraite d’ici 2030.
Des mesures facilitant les installations et les transmissions sont ainsi prévues dans le projet de loi d’orientation agricole adopté le mois dernier par le Parlement.
Mais pour améliorer l’accompagnement, il faudra prendre en compte que « le fait d’être enfant d’agriculteur ou non ne suffit pas à expliquer la diversité des conceptions du métier. D’autres facteurs, tels que le niveau de qualification, l’expérience professionnelle antérieure ou encore les ressources précédemment accumulées jouent aussi un rôle déterminant », souligne Caroline Mazaud.
L’enquête, lancée en avril dernier auprès de plus de 26.000 agriculteurs inscrits à la sécurité sociale agricole (MSA) s’étant installés en 2018 ou en 2022, a permis de recueillir 3.400 réponses exploitables. Les données ont ensuite été pondérées afin que l’échantillon soit représentatif de l’ensemble des nouveaux installés.
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