Le constructeur japonais Nissan a annoncé jeudi qu’il allait supprimer 9.000 postes dans ses effectifs mondiaux et tailler dans ses capacités de production, sans préciser de calendrier, pour s’adapter à une nette dégradation de ses ventes.
Victime du coup de froid planétaire sur le secteur automobile, l’entreprise a plongé dans le rouge de juillet à septembre, selon des résultats trimestriels beaucoup moins bons qu’anticipé qui l’ont conduite à réviser en forte baisse ses prévisions financières.
« Face à la gravité de la situation, Nissan prend des mesures urgentes pour redresser ses performances et créer une entreprise plus réactive et plus résistante, capable de s’adapter promptement aux évolutions du marché », a indiqué le groupe dans un communiqué.
Nissan a essuyé au deuxième trimestre (juillet-septembre) de son exercice décalé une perte nette inattendue de 9,3 milliards de yens (56 millions d’euros), à rebours du bénéfice net de 49 milliards de yens attendu par le marché selon le consensus établi par Bloomberg.
Son chiffre d’affaires trimestriel a fondu à 2.986 milliards de yens (18 milliards d’euros), en recul de 5% sur un an, nettement en deçà des attentes, tandis que le bénéfice d’exploitation est deux fois moindre que ce qu’escomptaient les analystes.
Comme l’ensemble de ses rivaux japonais et occidentaux, Nissan pâtit de l’essoufflement des ventes mondiales de voitures neuves et d’une conjoncture économique morose.
– « Efforts de redressement » –
En conséquence, le constructeur basé à Yokohama a nettement abaissé ses prévisions pour l’ensemble de l’exercice 2024-2025 qui s’achèvera fin mars prochain.
Le groupe prévoit désormais un chiffre d’affaires annuel de 12.700 milliards de yens, contre 14.000 milliards visés auparavant, soit un montant presque inchangé par rapport à 2023-2024. Il table sur un bénéfice d’exploitation de 150 milliards de yens, trois fois moins que ce qu’il anticipait jusqu’alors.
Aucune prévision annuelle n’est plus livrée pour le bénéfice net: « celui-ci sera déterminé selon l’évaluation des coûts générés par les efforts de redressement », a prévenu le directeur exécutif du groupe, Makoto Uchida, lors d’une conférence.
Nissan veut « réduire ses coûts fixes de 300 milliards de yens (1,8 milliard d’euros, NDLR) par rapport à l’exercice 2024-2025 et ses coûts variables de 100 milliards de yens », a précisé le groupe.
« Pour y parvenir, Nissan réduira sa capacité de production mondiale de 20%, et ses effectifs mondiaux de 9.000 postes, tout en mettant en oeuvre diverses mesures pour réduire » ses frais et en « privilégiant les investissements dans la recherche », a-t-il détaillé.
L’entreprise, soucieuse de « rationaliser ses actifs », va également réduire à 24%, contre 34% actuellement, sa participation dans son compatriote Mitsubishi Motors.
– Déboires aux Etats-Unis –
Les ventes de Nissan ont notamment souffert aux Etats-Unis, marché crucial où il n’a écoulé que 212.000 unités sur juillet-septembre, en baisse de 2,3% sur un an. Le constructeur veut y « reconstruire sa marque », selon Makoto Uchida.
Mais le directeur exécutif reste prudent face au relèvement drastique des droits de douane américains promis par Donald Trump, réélu à la Maison-Blanche.
« Nous exportons un nombre significatif de véhicules depuis le Mexique vers les Etats-Unis, cela devrait être de l’ordre de 300.000 (unités) cette année », a précisé Makoto Uchida.
« Nous entendons des choses sur les tarifs douaniers, mais nous ne sommes pas les seuls concernés (…) Nous allons faire du lobbying et maintiendrons l’orientation de nos plans à moyen et long termes », tout « en surveillant la situation très attentivement », a-t-il reconnu.
Autre marché phare en difficulté: la Chine, où les ventes trimestrielles de Nissan se sont effondrées de 13%, à 172.000 unités. Le groupe y est soumis comme ses rivaux occidentaux à la concurrence acérée des constructeurs chinois, leaders sur la voiture électrique en plein essor.
En Europe, les ventes trimestrielles de Nissan ont fléchi de 5,9%, à 80.000 véhicules écoulés.
Pour se rattraper, le groupe entend lancer de nouvelles voitures électriques en Chine ainsi que des modèles hybrides rechargeables et électriques aux États-Unis, tout en réduisant le délai de développement de nouveaux modèles à 30 mois.
Il veut « approfondir les collaborations » avec ses partenaires: Mitsubishi avait rejoint en août le « partenariat stratégique » conclu par Honda et Nissan pour collaborer dans l’électrique.
L’alliance avec le français Renault, de son côté, avait été nettement réduite l’an dernier, les deux constructeurs sélectionnant désormais leurs projets communs au cas par cas.
hih-jug/er
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