Les reculs de la vérification des faits et de la modération sur certains réseaux sociaux « rouvrent grand la porte à plus de haine » et risquent de diminuer la liberté d’expression, a mis en garde lundi le chef de l’ONU, prenant le contrepied d’Elon Musk ou de Mark Zuckerberg.
« À l’heure où des technologies en rapide mutation s’immiscent dans tous les aspects de notre vie, je m’inquiète des risques qu’elles représentent pour les droits humains », a déclaré Antonio Guterres devant le Conseil des droits de l’homme à Genève.
« Dans le meilleur des cas, les médias sociaux sont un lieu de rencontre où l’on peut échanger des idées et débattre avec respect », dit-il.
« Mais ils peuvent aussi devenir un théâtre de confrontations enflammées et d’une ignorance flagrante. Un lieu où les poisons que sont la mésinformation, la désinformation, le racisme, la misogynie et les discours de haine sont non seulement tolérés, mais, bien souvent, encouragés », rappelle encore le Secrétaire général.
Pour lui, faire moins de vérification indépendante des faits et de modération des contenus par les réseaux sociaux eux-mêmes « X rouvrent grand la porte à plus de haine, plus de menaces et plus de violence »
« Que l’on ne s’y trompe pas. Ces reculs entraîneront une diminution de la liberté d’expression, et non une amplification – car les gens craignent de plus en plus de s’exprimer sur ces plateformes », affirme t-il.
C’est l’inverse de l’argumentation avancée par Elon Musk -qui est propriétaire du réseau X et un proche conseiller du président américain Donald Trump.
L’homme le plus riche du monde s’érige en défenseur de la liberté d’expression mais ses critiques lui reprochent de favoriser l’expression de ses propres convictions politiques sur l’ex-Twitter.
Mark Zuckerberg, le patron de Meta (Facebook, Instagram, Whatsapp) a aussi annoncé qu’il mettait fin aux Etats-Unis le fact-checking indépendant par des notes agrégées d’usagers ou « community notes », un geste vu comme une façon d’apaiser Donald Trump.
L’AFP participe à un programme de fact-checking, dans plus de 26 langues, développé par Facebook, qui rémunère plus de 80 médias à travers le monde pour utiliser leurs « fact-checks » sur sa plateforme, sur WhatsApp et sur Instagram.
Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, a lui aussi dénoncé l’usage dévoyé des technologies numériques à la même tribune quelques minutes après M. Guterres.
Ces technologies « sont largement utilisées à mauvais escient pour supprimer, limiter et violer nos droits via la surveillance, la haine en ligne, la désinformation nuisible, le harcèlement et la discrimination ».
L’intelligence artificielle amplifie et accélère ces menaces, d’après le Haut-Commissaire qui pointe aussi du doigt l’entre-soi sur les réseaux sociaux, contribuant « à l’isolement des individus » et « à l’atomisation des sociétés ».
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