Aix-Marseille Université (AMU) a lancé mercredi un appel aux chercheurs américains, se disant prête à accueillir ceux qui travaillent sur des sujets comme le climat et dont la liberté académique pourrait être menacée par la politique menée par Donald Trump.
« On aurait aimé de ne pas avoir à le faire » mais « on lance un appel au recrutement pour ces chercheurs qui seraient en difficulté face à la nouvelle politique aux Etats-Unis », qui sont « en danger dans leurs recherches, dans leur liberté académique », a expliqué à l’AFPTV Eric Berton, président d’Aix-Marseille Université, l’une des plus importantes de France en nombre d’étudiants (80.000 dont 12.000 internationaux).
« Le risque pour ces chercheurs, c’est que leurs projets de recherche ne soient plus financés, qu’eux-mêmes, s’ils sont étrangers, doivent retourner dans leur pays », notamment pour les universitaires qui travaillent « sur des sujets sensibles, le climat, les sciences humano-sociales, les humanités en général », a-t-il poursuivi.
« J’espère qu’on pourra lancer un mouvement national parce que nous, on va faire des actions mais on ne va pas pouvoir récupérer tous ces scientifiques-là », a-t-il ajouté, précisant que « certaines universités en Allemagne font déjà ce genre de propositions ».
Pour Eric Berton, « il y a urgence » face à une forme de « stupéfaction que ça aille si vite, si dur » et une « certaine peur » de la part de ses homologues outre-Atlantique.
Aix-Marseille Université, qui se dit « socialement engagée », lance donc le programme « Safe place for science » et va dégager 10 à 15 millions d’euros pour pouvoir accueillir une quinzaine de chercheurs avec une enveloppe de 600 à 800.000 euros par chercheur sur trois ans.
Ces dernières années, elle a accueilli 25 scientifiques venant d’Ukraine, du Yémen, d’Afghanistan ou des territoires palestiniens, dans le cadre du programme « Pause », qui soutient les chercheurs et artistes contraints à l’exil.
AMU compte 120 unités de recherche dont l’Institut méditerranéen pour la transition environnementale (Item). Dans le domaine de la santé, l’université coordonne également le tout nouveau « Marseille Immunology Biocluster (MIB) ».
Interrogé sur l’accueil de chercheurs américains, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a estimé qu’il fallait « renforcer » les dispositifs existants à destination des scientifiques internationaux.
« Mais cette discussion doit aussi avoir lieu au niveau européen », a déclaré Philippe Baptiste devant l’Assemblée nationale, déplorant les positions « contraires au consensus scientifique » et les coupes budgétaires décidées par l' »administration Trump ».
Avec le retour au pouvoir de Donald Trump, de nombreux chercheurs américains se trouvent plongés dans l’inconnu, notamment sur certains sujets comme la santé ou le climat.
Des scientifiques français ont appelé à se mobiliser vendredi en soutien au mouvement américain « Stand up for science », qui organise ce jour-là des actions pour la défense de la science aux Etats-Unis.
Dans une tribune publiée dans Le Monde, ces scientifiques, dont les prix Nobel Esther Duflo et Anne L’Huillier ou le climatologue Christophe Cassou, dénoncent des « attaques sans précédent » aux Etats-Unis, qui menacent « l’un des piliers de la démocratie ».
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