Les laboratoires d'analyses s'opposent à une nouvelle baisse de leurs tarifs

Les laboratoires d’analyses médicales ont rejeté mercredi le projet de l’Assurance maladie de baisser à nouveau certains de leurs tarifs à partir de septembre, et agité le spectre d’une réduction de leur maillage territorial si la mesure était mise en oeuvre.

« La menace de la Caisse nationale d’assurance maladie de baisser à nouveau de 9,4% nos tarifs en septembre 2024 serait le coup de grâce après les 11% consentis par la profession en l’espace d’un an, et représenterait une rupture de confiance définitive pour l’avenir », ont réagi sept syndicats de médecins biologistes, libéraux et hospitaliers, dans un communiqué commun.

Si ce projet est mis en oeuvre, « le secteur n’aura pas d’autres choix » que de prendre « à effet immédiat » des mesures comme « la fermeture des sites plus fragiles, notamment ceux des déserts médicaux », la « réduction généralisée des horaires et jours d’ouverture », ou la « réduction du personnel administratif et paramédical sur les sites », ont-ils averti.

Le conflit entre la Cnam et les syndicats résulte d’une demande d’analyses biologiques nettement plus forte qu’attendue sur les premiers mois de 2024, avec une hausse en volume de 5,5% deux fois plus forte que prévue.

Malgré cette hausse de la demande, la Cnam veut maintenir l’enveloppe budgétaire prévue (3,784 milliards d’euros en 2024, hors Covid et certaines dépenses spécifiques) dans son dernier accord triennal avec les syndicats de médecins biologistes, et veut réduire certains tarifs pour arriver à ses fins.

« L’Assurance Maladie demande simplement aux biologistes de respecter les termes » de cet accord signé l’an dernier qui fixe des enveloppes budgétaires annuelles, a-t-elle indiqué à l’AFP.

Au total, selon les chiffres communs donnés par les deux parties, l’Assurance maladie veut récupérer avec ses baisses de tarif 120 millions d’euros sur les quatre derniers mois de 2024.

Selon les syndicats, cela représente environ 360 millions sur un an, soit un manque à gagner correspondant à 9,4% de l’enveloppe de 3,784 milliards d’euros prévue pour eux en 2024.

Les syndicats, dont le SNMB et SDBIO (biologistes libéraux) ou le SNBH (biologistes hospitaliers) demandent une « renégociation » du dernier accord triennal « sur des bases réalistes et viables économiquement ».

« Faut-il rappeler à la Cnam que de nombreuses sociétés de biologie médicale présentaient déjà des déficits financiers en 2023 ? » avant les dernières baisses de tarifs en janvier 2024, affirment-ils.

Les analyses médicales sont l’un des postes de la médecine de ville en nette hausse depuis le début d’année 2024, avec les transports de patients, les consultations de médecins spécialistes ou de kinés, les arrêts maladie et les médicaments et dispositifs médicaux.