Une préoccupation majeure est à l’esprit des électeurs se pressant mardi aux urnes à Erié, en Pennsylvanie, un comté de cols bleus réputé pour sa capacité à souvent prédire le vainqueur final des élections présidentielles: la protection de l’emploi.
« Les emplois industriels ont disparu à Erié. C’est un gros problème et (Donald) Trump n’a en rien aidé », remarque Mason Ken Thompson, 66 ans, après avoir voté dans une école primaire d’Erié, principale ville du comté du même nom.
Erié est un comté clé dans l’Etat sans doute considéré comme le plus crucial de tous. Ses 270.000 électeurs ont reçu la visite des deux candidats, l’ex-président républicain Donald Trump et la vice-présidente démocrate Kamala Harris.
« Je pense que Kamala va aider les jeunes pour le logement. C’est important ici », ajoute M. Thompson, la tête engoncée dans une casquette de baseball ornée du drapeau américain.
Un « DJ » fait passer certains des plus grands tubes américains pendant que les électeurs se succèdent aux urnes. A proximité, une station-service distribue gratuitement des donuts aux votants.
Erié a voté pour le démocrate Barack Obama en 2008 et 2012, avant de se tourner vers Donald Trump lors de sa victoire en 2016. Quatre ans plus tard, le comté a pivoté une nouvelle fois choisissant Joe Biden.
Situé dans le recoin nord-ouest de la Pennsylvanie, sur les rives du lac du même nom, Erié est un condensé des problèmes que connaît l’Etat.
La Pennsylvanie accorde 19 grands électeurs à celui qui remporte l’élection dans l’Etat, soit plus qu’aucun des six autres Etats clés, et les sondages donnent les deux candidats à égalité quasi-parfaite.
– « L’Amérique passe en premier » –
« Je ne sais pas pourquoi on est devenu aussi important ici, mais j’ai remarqué ces dernières années (…), nous sommes comme un facteur décisif », souligne Marchelle Beason, 46 ans, venue voter dans la même école après avoir fait sa gym matinale.
« Il va y avoir une bonne participation. Il y a beaucoup, beaucoup plus de gens ici que la dernière fois », prédit-elle, en exhibant fièrement un autocollant « J’ai voté ».
Comme d’autres comtés clés de Pennsylvanie, Erié est un ancien centre industriel, autrefois florissant avec ses aciéries ou ses usines de plastique et papier, qui a souffert de l’automatisation et des délocalisations.
« Beaucoup de jeunes gens s’en vont et nous avons absolument besoin de quelque chose pour les garder à Erié », souligne Chris Quest, 69 ans, une électrice venue tôt le matin.
Darlene Taylor, 56 ans, qui vit grâce aux allocations sociales, estime que la priorité est de « fermer la frontière » aux immigrants, pour préserver les emplois.
« On ne veut pas de quatre années supplémentaires de forte inflation, de ce prix de l’essence et de mensonges », justifie cette femme qui ne cache pas sa préférence politique avec son tee-shirt « Trump-Vance ».
« L’Amérique passe en premier et Harris ne va pas soutenir ça », affirme-t-elle.
– Premier républicain depuis Reagan –
En 2020, Joe Biden avait emporté le comté avec seulement 1.417 voix d’avance sur Donald Trump.
Quatre ans plus tôt, le magnat de l’immobilier avait devancé Hillary Clinton de 1.957 voix, devenant le premier républicain depuis Ronald Reagan dans les années 80 à gagner le comté.
Erié est aujourd’hui de plus en plus dépendant du secteur des services, mais il offre tout de même encore de nombreux emplois ouvriers.
En 2019, la vente par General Electric de son usine de locomotives a laissé un vide immense. Construite plus d’un siècle auparavant, elle employait à son firmament plusieurs milliers d’ouvriers.
Rachetée par la compagnie Wabtec, elle ne compte plus aujourd’hui qu’environ un millier de salariés.
Le sénateur démocrate de Pennsylvanie, Bob Casey, a récemment annoncé le déblocage d’une subvention de 48 millions de dollars à Wabtec pour la production de piles à hydrogène pour les trains.
Le timing n’était pas innocent. M. Casey est engagé dans une course à la réélection très serrée avec le républicain Dave McCormick, qui en cas de victoire pourrait aider à faire basculer la majorité au Sénat.
Henry Miller, un employé de Wabtec, aimerait voir des hommes et femmes politiques qui « commencent à aider les gens dans notre propre ville ».
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