Le vénérable Rolls-Royce déjà confronté dans le passé à des problèmes moteurs

Dans la tourmente après la défaillance début septembre de son moteur Trent XWB-97 sur l’A350, qui aurait pu provoquer « des dégâts importants » selon une enquête des autorités de Hong Kong, le groupe industriel britannique Rolls-Royce a déjà fait face dans le passé à des problèmes mécaniques.

– Explosion en vol –

L’entreprise spécialisée dans les moteurs d’avion, à ne pas confondre avec Rolls-Royce Motors, son ancienne division automobile séparée du groupe depuis 50 ans, avait été confrontée en 2010 à l’avarie d’un moteur Trent sur un A380 de la compagnie australienne Qantas.

Celui-ci avait explosé en plein vol à cause d’une durite d’huile défectueuse, contraignant l’appareil à faire demi-tour à Singapour, où il s’était posé avec un moteur en feu et des dégâts importants sur une aile.

Rolls-Royce avait reconnu son entière responsabilité, versant 70 millions d’euros de dédommagement à Qantas, qui avait dû clouer au sol sa flotte d’A380.

Le groupe et les autorités de régulation du transport aérien, ainsi que les exploitants d’A380 équipés de moteurs Trent 900, avaient pris une série de mesures pour sortir du circuit les moteurs défectueux ou les mettre en conformité.

– Épuisement et usure –

Neuf ans plus tard, Rolls-Royce avait rencontré des problèmes sur son moteur Trent 1000 portant sur un épuisement trop rapide des compresseurs, entraînant une charge exceptionnelle de 1,4 milliard d’euros, notamment en raison du grand nombre de moteurs à réparer et du coût des perturbations engendrées pour ses clients.

Le fabricant avait aussi lancé en 2020 des inspections sur « un petit nombre » de moteurs équipant certains A350 (les Trent XWB-84) après avoir découvert « des signes d’usure ».

– Incendie moteur –

Dernier incident en date début septembre, un incendie moteur sur un A350 de Cathay Pacific a conduit la compagnie de Hong Kong à remplacer des composants sur 15 des 48 avions de ce type dans sa flotte et déclenché une vague d’inspection chez d’autres compagnies.

Jeudi, un rapport préliminaire des autorités de Hong Kong a décrit une situation qui « aurait pu dégénérer en un incendie de moteur plus grave, susceptible de causer des dégâts importants sur l’avion ».

Rolls-Royce a assuré « continuer à travailler en étroite collaboration avec les régulateurs pour soutenir l’enquête en cours » sur cet incident, soulignant, dans une déclaration transmise jeudi à l’AFP, que « le moteur et le système de l’avion ont rapidement détecté et traité le problème ».

– Bataille d’Angleterre –

Fondée en 1906 par Henry Royce et Charles Rolls, l’entreprise produit d’abord des automobiles réputées -dont la célèbre Rolls Royce Silver Ghost chantée par Serge Gainsbourg- à l’emblématique bouchon de radiateur, Spirit of Ecstasy, qui trône à l’avant des bolides.

Mais elle se lance rapidement dans les moteurs d’avion, dès 1914 -quatre ans après la mort de Charles Rolls- afin de fournir le Royaume-Uni pendant la Grande Guerre.

Lors de la Seconde Guerre mondiale, son moteur Merlin équipe le légendaire Spitfire, avion symbole de la Bataille d’Angleterre de 1940.

– Aviation civile –

En 1953, Rolls-Royce entre sur le marché de l’aviation civile, mais est nationalisé en 1971 après des difficultés. L’entreprise se sépare de sa branche auto deux ans plus tard, puis est de nouveau privatisée en 1987 sous Margaret Thatcher.

Elle alterne ensuite les hauts et les bas, la contraignant parfois à des restructurations.

Rolls Royce employait 41.800 personnes en 2022 dans près de 50 pays, selon son site internet.

L’entreprise a renoué en 2023 avec les bénéfices, avec un résultat positif de 2,4 milliards de livres (2,8 milliards d’euros), après l’annonce de 2.500 suppressions d’emploi pour diminuer ses coûts, un plan mené tambour battant par son patron Tufan Erginbilgic.

Le groupe avait déjà fortement taillé dans ses effectifs en supprimant 9.000 emplois pendant la pandémie, quand le secteur de l’aviation était paralysé.

Son chiffre d’affaires a atteint 16,5 milliards de livres en 2023, la moitié provenant de sa branche aviation civile.

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