La grande conférence annuelle South by Southwest, qui se déroule à Austin jusqu’à samedi, célèbre l’émergence du Texas comme pôle technologique majeur, loin de la Silicon Valley californienne.
Festival musical à l’origine, SXSW, son nom de code, a résolument pris la vague tech au début des années 2010 et plusieurs géants du secteur, Google notamment, ont débarqué en force.
Avec son mélange d’artistes musicaux, de professionnels d’Hollywood, d’entrepreneurs innovants et d’investisseurs, South by Southwest transforme, le temps d’une semaine, Austin – capitale du Texas – en lieu incontournable.
Le festival a aussi bénéficié de la migration, depuis la pandémie de coronavirus, d’entreprises et décideurs lassés par la Californie.
Ils ont fuit, pêle-mêle, le coût de la vie à San Francisco ou Los Angeles, un environnement réglementaire jugé trop strict et une politique taxée d’être « woke » (en lutte contre toutes les injustices et discriminations).
Fin 2021, le fabricant de voitures électriques Tesla a déplacé son siège de Palo Alto à Austin, sous la direction de son patron Elon Musk, qui avait lui-même emménagé dans le « Lone Star State » (surnom du Texas) l’année précédente.
L’an dernier, l’homme le plus riche du monde a annoncé qu’il en ferait de même pour le réseau social X (ex-Twitter) et l’entreprise spatiale SpaceX.
D’autres noms de la nouvelle économie, tels Hewlett Packard Enterprise (HPE) et Oracle, ont accompagné le mouvement, tandis que Meta, Google et Apple ont renforcé leur implantation au Texas.
Apple a dévoilé, fin février, un projet d’usine de serveurs à Houston, qui devrait ouvrir en 2026.
Le Texas a plus d’un atout sur le plan économique, avec sa fiscalité allégée, son immobilier abordable et ses ressources énergétiques abondantes.
« Quand vous réfléchissez à construite une nouvelle usine, ou un nouveau data center, nous avons l’espace pour vous développer à un coût moindre que dans des régions plus densément peuplées », explique Paul Cherukuri, vice-président de l’université Rice de Houston (Texas) chargé de l’innovation.
– Destination pour l’IA –
En 2022, Tesla a ouvert une usine géante de plus de 800 hectares, à proximité d’Austin.
« Nous avons besoin d’un endroit où nous pouvons prendre beaucoup de place », avait commenté Elon Musk à l’époque. « Et il n’y a pas d’autre endroit que le Texas » où cela est possible aux Etats-Unis, selon lui.
Selon la Fed, la banque centrale américaine, la croissance de l’emploi dans la tech au Texas a été double de celle des autres secteurs sur ces dix dernières années.
Le Texas apparaît comme l’un des grands vainqueurs de la vague IA (intelligence artificielle), qui déferle depuis un peu plus de deux ans sur le monde.
Lancés dans une course effrénée au développement de leurs modèles d’IA générative, les géants américains ont besoin, pour avancer, de puces, de serveurs et de centres de stockage.
Le Texas a désormais plus de data centers que la Californie et n’est plus précédé que par la Virginie, numéro un du pays.
Fin janvier, OpenAI, créateur de l’interface d’IA générative ChatGPT, le spécialiste de l’informatique à distance (cloud computing) Oracle et la société japonaise d’investissement SoftBank ont présenté un projet de co-entreprise baptisé Stargate, axé sur les data centers.
Stargate prévoit d’investir 500 milliards de dollars sur quatre ans et a déjà lancé la construction d’un centre près d’Abilene, dans le nord-est du Texas.
Ces hangars où sont alignés les serveurs informatiques sont très gourmands en électricité, dont le coût représente, au Texas, un tiers de son équivalent en Californie pour l’industrie.
« L’univers de la Silicon Valley accroît son empreinte physique et l’endroit où le faire est le Texas », insiste Paul Cherukuri.
Par ailleurs, « les ingénieurs peuvent acheter leur logement ici », alors que la flambée immobilière en Californie les en empêchait souvent, décrit Gib Olander, du cabinet de conseil aux sociétés Northwest Registered Agent.
« Cette question de la qualité de vie est devenue d’autant plus importante avec la montée en puissance du télétravail », ajoute-t-il.
La popularité du Texas a aussi profité d’une inflexion idéologique d’une partie de la tech, qui s’est récemment rapprochée de Donald Trump.
L’Etat le plus vaste du pays hors Alaska est dominé par les républicains, qui ont notamment rendu l’avortement illégal dans quasiment tous les cas ou autorisé le port d’armes sans permis.
« Les Californiens que je connais et qui sont partis sont maintenant des Texans pur jus », a écrit Elon Musk sur X en novembre.
« Pour l’amour de Dieu », a-t-il exhorté, « ne laissez pas le Texas devenir la Californie! »
arp/tu/liu
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