Le secteur automobile a perdu du terrain en Bourse lundi, après l’annonce du président américain Donald Trump d’imposer des droits de douanes à l’encontre de la Chine, du Canada et du Mexique.
La plupart des constructeurs automobiles présents aux Etats-Unis ont ouvert des usines depuis plusieurs décennies au Mexique, profitant de salaires plus bas, et au Canada.
Ils ont été rejoints en masse par leurs fournisseurs, les équipementiers automobiles. Des pièces passent parfois les frontières plusieurs fois au fil de la fabrication des véhicules.
Les industriels avaient envisagé de limiter leurs investissements au Mexique pendant le premier mandat de Donald Trump mais ils y sont restés. Toyota, le deuxième plus gros vendeur du marché américain, a encore annoncé fin 2024 un investissement de 1,45 milliard de dollars pour fabriquer des pick-ups au Mexique.
Samedi, Donald Trump a mis à exécution sa menace de s’en prendre aux trois principaux partenaires commerciaux des États-Unis, en imposant 25% de droits de douane sur les produits provenant du Canada et du Mexique, et 10% supplémentaires à ceux déjà existants sur les produits chinois.
Dès lundi, le président américain a suspendu l’application de ces droits avec le Mexique, après un échange « amical » avec son homologue mexicaine au cours duquel celle-ci a promis de déployer 10.000 soldats supplémentaires à la frontière. Un répit temporaire mais aussi le signe de l’ouverture d’une période d’incertitude pour les entreprises.
– Réorienter la chaîne d’approvisionnement –
Les valeurs automobiles en ont pâti en Bourse. Stellantis a terminé en baisse de 4,52% à Paris. En Allemagne, Mercedes a reculé de 2,90%, BMW de 2,39% et Volkswagen de 4,10%. Les Américains Ford et GM étaient aussi en repli à la Bourse de New York, de respectivement 1,67% et 2,55% vers 17H30 GMT.
Les équipementiers ont aussi souffert, à l’image de Forvia (-10,01%), Valeo (-6,28%) et Continental (-2,59%).
Le cabinet Fitch prévenait fin 2024 que « réorienter la chaîne d’approvisionnement automobile pour éviter les tarifs douaniers prendrait des années et pourrait ne pas être financièrement viable ».
Le géant américain General Motors (marques Chevrolet, Cadillac) a indiqué fin janvier « travailler sur l’ensemble de (sa) chaîne d’approvisionnement, de (son) réseau logistique et des plans d’assemblage afin d’être prêts à atténuer les impacts à court terme » de ces annonces.
La PDG du constructeur Mary Barra est cependant convaincue « que le président souhaite utiliser la politique et les réglementations de manière à renforcer les fabricants nationaux comme General Motors », a-t-elle souligné.
– L’UE ciblée –
Donald Trump a souligné vendredi qu’il comptait « absolument » cibler l’Union européenne à l’avenir, et l’UE a assuré dimanche qu’elle riposterait « fermement ».
Les constructeurs européens ne vendent pas énormément de véhicules aux Etats-Unis (15% de leurs ventes annuelles en moyenne) mais Volkswagen (marques Audi, Porsche), BMW ou Mercedes y réalisent près d’un quart de leur chiffre d’affaires, profitant de conditions de vente très favorables, alors que l’Europe est en plein décrochage, selon le cabinet S&P.
Le groupe américano-franco-italien Stellantis est lui aussi particulièrement exposé: il réalise la majorité de ses bénéfices en Amérique du Nord, avec ses marques Jeep, Dodge, ou Ram, et compte de nombreuses usines au Mexique comme au Canada.
« Nous suivons de très près les évolutions aux États-Unis et évaluons les éventuels effets sur l’industrie automobile et notre entreprise », a souligné Volkswagen lundi dans un communiqué, disant vouloir « éviter un conflit commercial ».
« Nous continuons à promouvoir des marchés ouverts et des relations commerciales stables. Ceux-ci sont essentiels pour une économie compétitive et pour l’industrie automobile en particulier », a poursuivi la direction de la marque allemande.
Chez Porsche (groupe Volkswagen), « les droits de douane élevés rendent les (voitures fabriquées en Europe) chères aux Etats-Unis et une fabrication aux Etats-Unis n’est guère envisageable », a commenté Ferdinand Dudenhöffer, expert du secteur automobile.
Il pourrait surtout y avoir des victimes du côté des fournisseurs: le groupe représentant les équipementiers américains (MEMA) a prévenu vendredi que ces droits de douane auraient de « graves conséquences pour les équipementiers américains, menaçant des emplois américains, augmentant les prix des véhicules et des pièces ».
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