Le Premier ministre chinois Li Qiang s’est déclaré mardi « pleinement confiant » dans la capacité de son pays à atteindre ses objectifs économiques de 2024, en évoquant de possibles nouvelles mesures de relance.
Le gouvernement espère atteindre « environ 5% » de hausse du PIB (Produit intérieur brut) cette année. Mais la reprise post-Covid est laborieuse et la Chine a connu, en juillet-septembre, sa croissance trimestrielle la plus faible depuis un an et demi.
Les autorités ont annoncé des mesures pour stimuler l’activité, notamment des baisses de taux et l’assouplissement de restrictions sur les achats de logements. Mais nombre d’analystes ont critiqué l’absence pour l’heure de grand plan de relance chiffré.
Une telle annonce pourrait avoir lieu cette semaine, après une réunion du comité permanent de l’Assemblée nationale populaire, l’organe suprême du Parlement – inféodé au Parti communiste au pouvoir.
« Nous sommes pleinement confiants dans la réalisation des objectifs de cette année et dans la croissance de l’économie chinoise au cours de la période à venir », a indiqué Li Qiang mardi à Shanghai.
Chef d’orchestre de la politique économique en tant que Premier ministre, il s’exprimait lors de la cérémonie d’ouverture de la Foire internationale des importations de Chine (CIIE), grand rendez-vous commercial annuel qui réunit plusieurs centaines d’entreprises étrangères.
Li Qiang a laissé entendre que les autorités disposaient d’une marge de manoeuvre pour prendre de nouvelles mesures.
« Nous sommes confrontés à des pressions à la baisse sur l’économie » mais « il y a encore de l’espace pour des mesures budgétaires et monétaires », a-t-il déclaré.
– « Détruit les règles » –
Après une envolée en Bourse il y a quelques semaines, alimentée par l’espoir d’un grand plan de relance, l’optimisme est quelque peu retombé devant des politiques jugées pas assez fortes par les marchés.
Des signaux positifs sont toutefois enregistrés. L’activité des usines a ainsi progressé le mois dernier, pour la première fois depuis avril, selon des chiffres officiels publiés la semaine dernière.
Dans les services, l’activité a également accéléré en octobre, selon un indice indépendant publié mardi par le cabinet S&P Global et le média chinois économique Caixin.
Mais l’économie chinoise doit affronter un sérieux écueil: les tensions commerciales croissantes avec certains proches partenaires commerciaux, l’Union européenne (UE) et les Etats-Unis en tête.
Li Qiang a assuré mardi, comme souvent, que la Chine s’ouvrirait davantage aux investissements étrangers. Il a toutefois mis en garde contre la montée de l’unilatéralisme et du protectionnisme.
« D’un point de vue mondial (…) de nombreux problèmes qui ne devraient a priori pas en être sont apparus », a-t-il déclaré.
« En particulier toutes sortes de comportements malhonnêtes, qui ont provoqué un effet de fenêtre brisée qui détruit les règles », a-t-il ajouté, en référence à une théorie selon laquelle la tolérance apparente d’incivilités dans l’espace public suscite une augmentation du non-respect des règles en raison du sentiment d’impunité.
– Cognac français –
La Chine est notamment vent debout contre les surtaxes douanières imposées par l’UE et les Etats-Unis sur les véhicules électriques fabriqués dans le pays asiatique. Elle estime ces mesures protectionnistes.
En réponse, Pékin menace notamment de surtaxer les brandys européens, dont le cognac français représente 95%. Elle impose déjà depuis mi-octobre aux importateurs le dépôt d’une caution auprès des douanes chinoises.
La France est ciblée pour avoir soutenu l’imposition des surtaxes européennes sur les véhicules chinois.
La Chine a aussi lancé des enquêtes antidumping visant le porc et les produits laitiers importés d’Europe, faisant planer une menace sur ces secteurs.
La ministre française déléguée au Commerce extérieur, Sophie Primas, a déclaré lundi à l’AFP à Shanghai que les négociations restaient « clairement ouvertes » avec Pékin sur le cognac, sans toutefois écarter l’option d’une réplique de Paris.
Interrogée mardi à la CIIE pour savoir si elle pensait que le géant asiatique s’ouvrait davantage aux entreprises étrangères, elle a répondu que « la Chine est très ouverte, en tout cas c’est ce qu’elle dit ».
« Nous sommes très touchés sur l’industrie du cognac », a-t-elle déploré en visitant le pavillon France.
« Mais les relations que nous avons eues ici tendent à penser que nous allons pouvoir continuer à négocier et nous allons pouvoir continuer à avoir ces relations, qui sont des relations anciennes » avec la Chine, a estimé Mme Primas.
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