Seiji Godo, un Canadien vivant en Suisse qui a conçu la messagerie cryptée Encrochat accusée d’avoir facilité de nombreux usages criminels, a été mis en examen à Lille le 17 mars puis écroué, a appris l’AFP de sources proches du dossier jeudi.
M. Seiji Godo, né en décembre 1986, était installé en famille depuis 2019 à Zoug, en Suisse, mais une décision du Tribunal fédéral de ce pays du 7 mars a définitivement acté son extradition.
Transféré en France, il a été mis en examen le 17 mars par une juge d’instruction de la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Lille, ville près de laquelle étaient localisés les serveurs d’Encrochat, puis incarcéré à la prison parisienne de la Santé.
« M. Godo conteste les faits qui lui sont reprochés. Il s’en expliquera devant la justice, à laquelle il n’a jamais tenté de se soustraire puisqu’il n’a jamais été convoqué par elle alors que son adresse était connue de tous » ont indiqué à l’AFP ses avocats, Me Thierry Marembert et Irina Kratz.
« Il a bon espoir que ses explications clarifieront son rôle de pur technicien et lèveront toute ambiguïté ou incompréhension », ont-ils ajouté.
Selon l’une des sources proches du dossier, M. Godo était le directeur technique d’Encrochat, un « geek » qui a « fabriqué un produit technique ultra-sécurisé qui n’avait pas vocation à être vendu à des criminels ».
Cette technologie « paraissait très novatrice et agressive à l’époque, mais on la retrouve aujourd’hui sur tous les iPhone », a ajouté une autre source proche.
Dans l’information judiciaire française ouverte en mai 2020, outre M. Godo, trois revendeurs espagnols de téléphones munis de la solution Encrochat ont été mis en examen à l’été 2022, puis, en février 2024 Paul Krusky, réputé avoir dirigé Encrochat et extradé de République dominicaine.
Une dizaine de personnes ont fait l’objet de mandats d’arrêts internationaux.
Une autre enquête, centrée sur le volet financier, est aussi menée aux Pays-Bas.
EncroChat avait été infiltré, mis sur écoute, puis son démantèlement avait été annoncé en juillet 2020 par les autorités françaises et néerlandaises.
Cela avait permis, d’après Europol en juillet 2023, l’arrestation de plus de 6.500 personnes arrêtées, l’évitement d' »une centaine d’assassinats ou enlèvements » et la saisie ou le gel de près de 900 millions d’euros d’avoirs criminels.
Les condamnations prononcées se montaient alors à 7.134 années de prison.
Plus d’une centaine de pays étaient concernés.
Les autorités ont démantelé ces dernières années d’autres messageries cryptées suspectées d’avoir favorisé des usages criminels, dont Sky ECC, autour de laquelle devrait se tenir un procès aux assises de Paris prochainement.
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