Le Brésil suspendu à un possible blocage du réseau social X

Après l’expiration du délai fixé par la justice, le Brésil était suspendu vendredi à un possible blocage du réseau social X, propriété d’Elon Musk, engagé dans un bras de fer avec un juge de la Cour suprême brésilienne.

L’ultimatum fixé par le juge Alexandre de Moraes, du Tribunal fédéral suprême (STF), lancé mercredi pour que la plateforme nomme dans les 24 heures un représentant légal dans le pays, a expiré jeudi soir.

Peu après, le réseau social (ex-Twitter) a indiqué dans un communiqué s’attendre à être bloqué « sous peu » pour son refus de respecter les « ordres illégaux » du juge Moraes, à la tête du combat contre la désinformation dans le pays, pour « censurer ses opposants politiques ».

Mais X restait accessible vendredi au Brésil, où il compte plus de 22 millions d’usagers selon le site spécialisé DataReportal, alors que le STF avait menacé le réseau d’une « suspension immédiate » s’il ne répondait pas à son injonction.

Elon Musk a multiplié les attaques contre Alexandre de Moraes cette semaine, traitant le juge de « dictateur » et l’accusant d’étouffer la liberté d’expression.

« Pour qui se prend-il? », a réagi vendredi le président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva au sujet du milliardaire.

« Tout citoyen de n’importe quelle partie du monde qui a des investissements au Brésil est soumis à la Constitution et aux lois brésiliennes », a-t-il dit vendredi sur la radio locale MaisPB.

Pour que le blocage entre en vigueur, le STF doit saisir l’agence nationale des télécommunications afin qu’elle stoppe l’accès à la plateforme, selon des experts. La Cour suprême n’a pas dit si elle avait déjà procédé à cette étape.

Le 17 août, Elon Musk avait annoncé la fermeture des bureaux de X au Brésil en invoquant les actions du juge Moraes, tout en y laissant le service disponible.

Le magistrat a ouvert en avril une enquête sur Elon Musk en l’accusant d’avoir réactivé des comptes suspendus sur décision de la justice brésilienne. X avait admis que des utilisateurs avaient réussi à contourner les restrictions.

Le juge a ordonné ces dernières années le blocage des comptes de figures influentes des mouvements ultra-conservateurs brésiliens pour avoir disséminé des « fake news ».

Et ce en particulier depuis les tentatives de partisans de l’ancien président d’extrême droite Jair Bolsonaro (2019-2022), admirateur d’Elon Musk, de discréditer le système de vote électronique lors de l’élection remportée par Lula en 2022.

Par le passé des plateformes comme Telegram et WhatsApp ont été suspendues temporairement au Brésil sur décisions judiciaires.