Les droits de douane de 25% sur l’automobile annoncés par Donald Trump sont censés revigorer l’industrie américaine mais les géants de Détroit ont l’air plutôt groggy jeudi face à leur ampleur et le secteur chutait en Bourse.
Si l’instauration de ces droits de douane était prévue depuis plusieurs semaines, ses contours ont surpris constructeurs et experts puisqu’ils vont s’appliquer sur les importations de véhicules légers finis mais également de « certaines pièces détachées », dès le 3 avril à 04H01 GMT, selon le décret signé par le président républicain mercredi soir.
C’est sur ce dernier point que le bât blesse car le secteur repose sur une chaîne d’approvisionnement complexe et mondiale, avec parfois plusieurs franchissements de frontières.
Le processus de fabrication chez Ford et General Motors repose majoritairement sur des allers-retours entre les Etats-Unis, le Mexique et le Canada. Ces trois pays sont liés par l’ACEUM, un accord de libre-échange signé par Donald Trump pendant son premier mandat.
Or le décret ne prévoit pas d’exemption pour les importations dans le cadre de cet accord, douchant les espoirs des professionnels que la totalité des pièces détachées soit épargnée.
Les « parties cruciales » – moteur, transmission, groupe motopropulseur et composants électriques, une liste susceptible d’être rallongée – non fabriquées aux Etats-Unis subiront ces 25% de droits de douane au même titre que les véhicules finis étrangers.
La Maison Blanche a relevé que sur les seize millions de véhicules neufs vendus aux Etats-Unis en 2024, la moitié ont été assemblés dans le pays mais qu’ils ne contenaient que 40% à 50% d’éléments fabriqués sur le sol américain.
Selon l’exécutif, le déficit commercial pour les pièces automobiles a atteint 93,5 milliards.
– Chute en Bourse –
D’après les analystes de JPMorgan, 82% des véhicules vendus par Ford sont produits aux Etats-Unis, devant Stellantis (71%), Honda (68%), Toyota (57%) et General Motors (53%).
Les constructeurs perdaient du terrain sur les marchés boursiers.
Vers 16H15 GMT, General Motors lâchait 6,41%, Ford 2,20% et Stellantis 1,80%. Toyota et Honda reculaient respectivement de 2,58% et 2,32%.
Le décret prévoit que les constructeurs déterminent le pourcentage de pièces américaines et de pièces étrangères dans les éléments ou véhicules finis entrant aux Etats-Unis, et que les 25% ne soient imposés que sur les parties fabriquées à l’étranger.
Un véritable casse-tête pour les constructeurs – qui seront sanctionnés en cas de répartition erronée – mais aussi pour l’administration concernant les pièces circulant entre les trois partenaires de l’ACEUM.
Un délai d’application a donc été octroyé, le temps que le ministère du Commerce trouve comment faire.
Selon JPMorgan, une fois que les droits seront collectés dans la totalité du périmètre prévu, cela devrait générer 82 milliards de dollars par an. Donald Trump a affirmé mercredi que cela rapporterait « plus de 100 milliards ».
La facture la plus importante, a estimé JPMorgan, devrait être imputée à GM (13 milliards) tandis que Ford devrait verser autour de 4,5 milliards.
Pour les experts, une hausse du prix des véhicules neufs aux Etats-Unis ne fait aucun doute et elle va se répercuter, dans un second temps, sur un marché de l’occasion atrophié car les propriétaires vont garder leurs véhicules plus longtemps.
Ce dernier point serait, lui, favorable aux professionnels de la réparation.
L’objectif du président est d’accroître la production sur le sol américain mais relocaliser des usines ou reconfigurer une chaîne d’approvisionnement ne peut se faire du jour au lendemain.
En attendant, les constructeurs vont devoir arbitrer entre une répercussion totale du surcoût au consommateur final, rogner sur leurs marges ou un mix des deux.
Le coût d’un véhicules neuf affecté pourrait augmenter de 9% à 12%, soit 4.000 à 5.300 dollars, anticipe JPMorgan.
« Avec cette pression sur les coûts, les constructeurs vont réduire les avantages financiers, ce qui rendra moins abordables les véhicules pour certains foyers », a commenté Jessica Caldwell, du cabinet Edmunds.
Selon elle, les cotisations d’assurance devraient également gonfler du fait de l’inflation des pièces détachées.
elm/ev
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