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L’Allemagne engrange un excédent commercial record avec les Etats-Unis de Trump

Posté le par AFP

L’Allemagne en crise a dégagé un excédent commercial record avec les États-Unis l’an dernier et s’expose à être le pays le plus durement touché par les nouveaux droits de douane dont Donald Trump menace l’Union européenne.

A 71,4 milliards d’euros, selon des données publiées vendredi, la première économie européenne a encore accru le solde de sa balance commerciale avec la première économie mondiale, grande cliente de ses marques automobiles, machines-outils et produits pharmaceutiques.

Les États-Unis sont dans le même temps redevenus en 2024 le premier partenaire commercial de l’Allemagne, avec 255,4 milliards d’euros de biens échangés, retrouvant la « pole position » qu’ils avaient abandonnée depuis 2016 à la Chine, selon des données corrigées des variations saisonnières de l’office de statistiques Destatis et agrégées par l’AFP.

Les exportations allemandes vers les États-Unis, en atteignant 163,4 milliards d’euros, ont progressé de près de 4% sur un an et représenté 10,5% des exportations totales.

Les exportations de marchandises vers les États-Unis et la Chine ont évolué en 2024 de manière très différente.

Lancé par l’administration Biden, le méga-plan de soutien à l’industrie verte américaine IRA (Inflation Reduction Act) « a stimulé la demande américaine, notamment pour les produits intermédiaires et les technologies vertes, ce qui, malgré ses aspects protectionnistes, a probablement favorisé les exportations allemandes », explique à l’AFP Jürgen Matthes, économiste à l’institut IW de Cologne.

– Choc américain en vue –

A l’inverse, « la demande en baisse venue de Chine, la volonté d’autosuffisance du Parti communiste chinois et la concurrence accrue des produits chinois ont entraîné une diminution des exportations allemandes » vers le géant asiatique, d’environ 7%, poursuit-il.

Les importations allemandes en provenance de Chine ont de leur côté progressé légèrement, conduisant à un creusement du déficit commercial avec Pékin, à 66,6 milliards d’euros, contre 58,4 milliards un an plus tôt, selon les calculs de l’AFP.

Dans un contexte de tensions géopolitiques accrues, Berlin affiche depuis deux ans la volonté de réduire sa dépendance économique à l’immense marché chinois, qui se heurte aux intérêts de ses multinationales qui ont multiplié les investissements dans le pays, comme Volkswagen ou le chimiste BASF.

Avec deux années de récession derrière elle et une érosion de ses parts de marché en Chine, l’économie allemande craint un nouveau choc majeur si Donald Trump met à exécution sa menace d’imposer des droits de douane à l’Union européenne.

L’Allemagne représente une part importante du large excédent commercial de l’UE avec les États-Unis.

« Ils ne prennent rien de nous, mais ils nous envoient leurs Mercedes, BMW, Volkswagen, des millions et des millions de ces voitures », s’était lamenté Trump durant sa campagne électorale.

Le déficit américain avec l’Allemagne avait déjà valu à Berlin d’être la cible favorite du milliardaire républicain durant son premier mandat.

– « Le diable est dans les détails » –

La banque centrale allemande a déjà averti que l’imposition de droits de douane américains sur les importations allemandes pourrait réduire de 1% le Produit intérieur brut du pays.

Cependant, l’impact d’une politique commerciale agressive venant de Washington reste incertain et dépendra de plusieurs facteurs, notamment de l’appréciation du dollar et des tarifs potentiellement plus élevés pour la Chine, ce qui pourrait paradoxalement entraîner une augmentation temporaire des exportations allemandes vers les États-Unis.

« Le diable est dans les détails », a expliqué cette semaine Jochen Hanebeck, patron d’Infineon, l’un des premiers fabricants mondiaux de puces électroniques, à propos des répercussions d’éventuelles surtaxes américaines.

« Cela dépendra fortement du niveau de la chaîne de valeur auquel les tarifs sont perçus. S’agira-t-il de la puce emballée ou du système ? », a-t-il ajouté. En fonction de ces paramètres, l’impact des tarifs douaniers pourra être de « négligeable à significatif ».

Dans l’ensemble, le commerce extérieur allemand, traditionnellement un pilier de l’économie du pays, a ralenti l’an dernier, impacté par des coûts énergétiques élevés, une faible demande et la concurrence chinoise.

Les importations ont davantage baissé, de 2,8 %, atteignant 1.318,5 milliards d’euros, ce qui a conduit à un excédent commercial en augmentation à 241,2 milliards d’euros (209,6 milliards en 2023), toujours en données corrigées des variations saisonnières.

jpl/smk/eb

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