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La ligue des mangeurs professionnels, quand se goinfrer devient un métier

Posté le par AFP

Ils ont chacun avalé 44 sandwiches en dix minutes, mais c’est la dernière bouchée qui a permis à Geoffrey Esper de l’emporter sur James Webb et d’empocher les 2.000 dollars de prix à Trenton, dans le New Jersey.

« Dans beaucoup de concours cette année, ça s’est joué à un morceau », s’emballe James Webb, le ventre plein de ces pork rolls, spécialité locale. « C’est hyper compétitif. »

L’Australien de 35 ans a déménagé cette année aux Etats-Unis pour intégrer à temps plein la Ligue des mangeurs de compétition, la MLE (Major League Eating), institution typiquement américaine, dont il est actuellement 4e au classement.

Les gains amassés sur le circuit ne sont « absolument pas » suffisants pour en vivre, reconnaît le barbu à l’allure soignée, mais il s’en sort grâce à une poignée de sponsors et surtout à sa chaîne YouTube aux 115.000 abonnés.

« Tout le monde a un autre boulot à côté, à part Joey », confirme Crazy Legs Conti, maître d’hôtel dans un restaurant à New York, qui dit avoir gagné quelques milliers de dollars cette année en mangeant.

Joey Chestnut, c’est la superstar du milieu, vainqueur de 16 des 18 dernières éditions du célèbre concours du plus gros mangeur de hot dogs à Coney Island, dans l’Etat de New York, le point d’orgue de la MLE.

– « Athlète » –

Pour une affaire de sponsor, le quadragénaire a renoncé à participer cette année, mais récolté 100.000 dollars pour avoir battu une autre légende, le Japonais Takeru Kobayashi, lors d’un duel organisé par Netflix.

Malgré l’absence de Joey Chestnut, des milliers de curieux se sont tout de même massés à Coney Island début juillet et environ un million de téléspectateurs ont vu Patrick Bertoletti lui succéder, avec 10.000 dollars à la clef.

« On n’a jamais eu autant de couverture médiatique que cette année », clame le grand ordonnateur de la MLE, George Shea, qui parle d’une expansion à l’étranger après une première concluante en Thaïlande.

L’émergence de la MLE, créée en 1997, a transformé ces concours, passés de grande farce à compétition de haut niveau.

Disparus, les ogres de 120 kg ou plus qui écrasaient régulièrement la concurrence, remplacés par des gabarits plus modestes, dont des Japonais comme Takeru Kobayashi (environ 72 kilogrammes pour 1,73 mètres), six fois vainqueur à Coney Island.

C’est désormais la technique et l’élasticité de l’estomac qui priment plutôt que ses dimensions.

La plupart des pointures de MLE jouent sur la relaxation, la visualisation mentale et l’absorption de grandes quantités de liquide à l’entraînement, une gestuelle très étudiée.

« Tous les participants au concours d’aujourd’hui ont la condition physique d’un athlète classique à part un », pointe Crazy Legs Conti. « Vous ne pourriez pas avoir ce style de vie si vous étiez obèse. »

– « Obsédés » –

En 30 ans, le record de hot dogs est passé de 21 en douze minutes à 83 en dix minutes.

Après un concours, James Webb dort, s’hydrate, mange peu et récupère en moins de 48 heures, dit-il, sans avoir à se faire vomir.

Aucune étude scientifique n’a pu démontrer, à ce jour, que la santé de ces athlètes de la calorie se détériorait du fait de cette pratique.

« Mes examens sont bons, je suis en forme », clame Crazy Legs Conti, qui affirme que ses médecins « ne s’inquiètent pas » pour lui. « Ils sont plutôt fascinés. »

Certains s’alarment de l’image que renvoient ces compétitions, entre surconsommation et troubles alimentaires, deux sujets sensibles.

« Pour moi, c’est un divertissement », réagit Angel Ortiz après le concours de pork rolls, organisé par l’équipe de baseball locale du Trenton Thunder.

« Les gens aiment le sport, la compétition: le basket ou les hot dogs, c’est de la compétition », s’enthousiasme Nancy DiNatale, une autre spectatrice.

« Les gens ont ce lien avec la nourriture », relève George Shea, « ils sont obsédés, et je crois que c’est une des raisons pour lesquelles (ces concours) les attirent. »

« Je sais qu’il y a plein de questions » liées à la nourriture, mais pour lui, « en général », ces joutes sont perçues « pour ce qu’elles sont, c’est-à-dire un moment de détente. »

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