Capitale de la mode italienne, Milan accueille à partir de ce vendredi la Fashion week masculine, promettant un festival de couleurs et créativité pour faire oublier, le temps d’un défilé, la crise que traverse le marché du luxe.
Reflet des vents contraires qui soufflent sur le secteur, la semaine de la mode, consacrée aux collections automne-hiver 2025/26, a réduit la voilure et propose seulement 16 défilés en chair et en os, sur un total de 75 rendez-vous.
De grandes griffes comme Fendi et Gucci manquent à l’appel, ayant opté pour des défilés mixtes homme et femme dans le cadre de la Fashion week féminine prévue à Milan en février.
Moschino, qui avait donné le coup d’envoi de la semaine masculine en juin 2024 avec une collection mêlant subversion et élégance de son nouveau directeur artistique Adrian Appiolaza, a renoncé à faire défiler l’homme cette année.
Mais il y a aussi de nombreux nouveaux venus, à l’instar du créateur français Pierre-Louis Mascia, qui ouvrira le bal à Milan avec une collection mixte homme et femme intitulée « Étoile brillante » promettant d’être haute en couleurs.
Son premier défilé en juin 2024 au salon Pitti Uomo à Florence qui précède traditionnellement la Fashion week milanaise avait rencontré le succès, avec une collection exotique mélangeant allègrement les teintes et motifs.
Après avoir étudié les Beaux-Arts à Toulouse, il a d’abord été illustrateur de mode pendant vingt ans avant de lancer en 2007 sa propre marque avec une série de foulards en soie imprimés réalisés par l’atelier de sérigraphie Achille Pinto à Côme dans le nord de l’Italie.
Puis, il a peu à peu élargi son univers en développant une vaste gamme de vêtements et d’accessoires. Il a recours au collage artistique pour créer des motifs complexes qui sont imprimés sur des vêtements.
– Graphisme et art –
Pierre-Louis Mascia aime à dire qu’il se considère « davantage comme un dessinateur de mode que comme styliste ».
« Le concept de mode tel que nous le connaissons aujourd’hui – des collections qui se succèdent rapidement et de manière obsessionnelle à chaque saison – ne m’appartient pas. Mon travail vient du graphisme et de l’art », explique-t-il.
« Le mélange de différents motifs, l’attention constante portée à la couleur et l’utilisation de matériaux définissent l’identité de mes collections », dit-il. « En fait, je fais du Hermès avec un côté plus funky! »
L’industrie italienne de la mode masculine a vu ses ventes reculer de 3,6% à 11,4 milliards d’euros en 2024, après une croissance de 4,7% en 2023 et un rebond de 20,3% en 2022, dans la foulée de la pandémie de coronavirus.
Selon les estimations de la Chambre de la mode italienne, l’ensemble du secteur, y compris l’habillement féminin, a terminé l’année sur une chute de 5,3% de son chiffre d’affaires, à 95,9 milliards d’euros.
– L’antidote, la créativité –
En cause, les tensions géopolitiques dans le monde, la hausse des prix, mais surtout le moindre engouement des Chinois pour les produits de luxe.
« La crise est principalement due aux consommateurs chinois. L’effondrement de leur marché de l’immobilier les fait se sentir plus pauvres, ce qui réduit leur envie de dépenser », commente auprès de l’AFP Luca Solca, analyste chez Bernstein.
Des signes d’une légère amélioration se profilent-ils à l’horizon en Chine?
« Tout le monde l’espère. Mais pour l’instant, d’après les données dont nous disposons sur le quatrième trimestre de 2024, cela ne semble pas encore se produire de manière importante », tranche-t-il.
Pour Carlo Capasa, président de la Chambre de la mode italienne, l’antidote à la crise est la créativité.
« Il faut continuer à créer du rêve pour relancer la consommation. Surtout en temps de crise, nous devons investir dans la créativité, qui est notre moteur le plus important », a-t-il estimé.
Les défilés de mode peuvent-ils relancer les ventes?
« Ils sont importants pour faire parler de l’industrie et des marques », juge Luca Solca. « Ils constituent un tremplin sur lequel les influenceurs s’appuient pour poster leurs commentaires » sur les réseaux sociaux.
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