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La chimie allemande en crise voit un fleuron passer sous contrôle émirati

Posté le par AFP

L’un des principaux chimistes allemands, Covestro, va être racheté par le groupe émirati Adnoc, illustrant la crise que traverse la chimie allemande depuis deux ans et les ambitions croissantes des compagnies du Golfe.

Avec l’expertise du groupe allemand dans des domaines tels que le recyclage chimique et la réutilisation du CO2, Adnoc va mettre la main sur des technologies cruciales pour l’avenir de la chimie, confrontée au défi de réduire les émissions polluantes.

Selon les termes de l’accord présenté mardi, Adnoc accepte de débourser 62,00 euros par action, ce qui valorise le groupe près de 12 milliards d’euros, auxquels s’ajoutent près de trois milliards de dette et provisions.

Une offre publique d’achat va être lancée. En cas de succès, il s’agira de la plus importante prise de contrôle des Emirats à l’international et du plus gros investissement direct étranger en Allemagne des cinq dernières années, indique-t-on dans l’entourage d’Adnoc.

Covestro soutient l’OPA qui représente une prime d’environ 54% par rapport au cours de clôture de l’action du 19 juin 2023, avant les rumeurs de marché sur une potentielle transaction.

– Environnement défavorable –

La chimie allemande, troisième secteur industriel du pays après l’automobile et la construction mécanique, traverse une crise profonde depuis 2022, aggravée par la guerre en Ukraine, qui a interrompu les livraisons de gaz russe bon marché, tout en subissant une demande en baisse.

C’est la première fois qu’une entreprise du Moyen-Orient rachète une société cotée au Dax, le principal indice de la Bourse de Francfort.

Contrairement à la levée de bouclier provoquée en Allemagne par la récente offensive de la banque italienne UniCredit pour racheter Commerzbank, les tractations en cours depuis plusieurs mois autour de Covestro n’ont pas mobilisé la classe politique.

« Les conditions de production en Allemagne posent problème pour l’ensemble de l’industrie chimique », résumait en juin Markus Steilemann, président du directoire de Covestro et du VCI, dans une interview au Handelsblatt.

Les coûts de l’énergie et des matières premières « resteront structurellement élevés », ajoutait-il, pénalisant le modèle d’exportation qui a bâti jadis le succès de nombreuses entreprises.

Si Covestro, ancienne filiale de Bayer n’est pas le groupe le plus en difficulté du secteur, il a annoncé en juin un plan d’économies de 400 millions d’euros par an d’ici 2028 pour améliorer sa compétitivité.

Et BASF, leader mondial, a annoncé jeudi dernier une réorganisation majeure de ses activités, envisageant même des fermetures d’installations sur son site historique de Ludwigshafen (ouest).

Les prix du gaz ont certes fortement baissé depuis leur pic de 2022, mais ils restent nettement plus importants que leur moyenne des années 2010.

Quant aux espoirs d’une reprise économique en Allemagne, perceptibles au printemps, ils se sont dissipés durant l’été et le pays devrait finir l’année au mieux en stagnation.

« L’Allemagne est un site clé pour l’industrie chimique dans le monde, et je veux qu’il le reste », martelait en septembre le chancelier Olaf Scholz lors d’un congrès du secteur, promettant des allègements, notamment sur les prix de l’électricité.

– Naissance d’un géant –

Pour la compagnie pétrolière publique d’Abou Dhabi, l’acquisition de Covestro représente l’opportunité d’accentuer sa diversification et de devenir l’un des cinq plus grands acteurs mondiaux dans le secteur des produits chimiques.

Covestro, avec près de 18.000 employés et 50 sites de production dans le monde, lui servira de plateforme pour les matériaux de performance et les produits chimiques spécialisés, tout en offrant un accès à des marchés finaux comme les véhicules électriques, l’isolation thermique et les adhésifs.

En tant que géant pétrolier, Adnoc est l’un des principaux exportateurs de brut au monde et son directeur général, Sultan Al Jaber, a récemment été président de la COP28.

Adnoc s’est par ailleurs engagé à soutenir la croissance de Covestro en participant à une augmentation de capital équivalente à 10% du capital actuel de l’entreprise allemande, ce qui lui fournira des fonds supplémentaires de 1,17 milliard d’euros.

jpl/smk/spi

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