Ils voulaient profiter des Jeux olympiques pour mettre en vedette un mode de transport innovant dans le ciel de Paris, mais les promoteurs des « taxis volants » électriques ont dû y renoncer, faute de certification.
Le gestionnaire d’aéroports Groupe ADP et la start-up aéronautique allemande Volocopter visent désormais un vol « d’ici à la fin de l’année » depuis une plateforme flottant sur la Seine, ont-ils annoncé à l’AFP jeudi, à quatre jours de la clôture des Jeux.
Les deux entreprises prévoient néanmoins d’organiser des démonstrations de vol avec un prototype, sans passager, jeudi et dimanche à l’aérodrome de Saint-Cyr-l’Ecole (Yvelines), à quelques centaines de mètres du parc du Château de Versailles, lieu des épreuves équestres.
La certification du Volocity, l’engin conçu et fabriqué par Volocopter, a subi un « décalage de quelques semaines » lié à ses moteurs, a expliqué Edward Arkwright, le directeur général exécutif du Groupe ADP, qui gère des aéroports et aérodromes de la région parisienne, dont Paris-Charles-de-Gaulle et Orly, mais aussi Saint-Cyr.
Initialement, ADP et Volocopter, soutenus par la région Ile-de-France, souhaitaient effectuer des vols expérimentaux à partir d’une plateforme aménagée, amarrée à un quai au niveau d’Austerlitz, dans l’est de la capitale, en capitalisant sur l’attention mondiale portée aux Jeux olympiques.
Le but à terme est de démontrer la faisabilité d’un nouveau mode de transport en zone urbaine dense, en faisant circuler ces appareils à décollage et atterrissage vertical (VTOL en anglais) entre plusieurs « vertiports ».
Parmi ceux-ci figurent l’installation de Saint-Cyr, qui doit être inaugurée jeudi et comprendra un poste d’inspection-filtrage des bagages des passagers, une station de recharge des appareils et une aire de stationnement, a détaillé M. Arkwright.
Les démonstrations s’effectueront dans des conditions « normales » d’exploitation de l’aérodrome, le démonstrateur de Volocity, qui volera à plus de 50 mètres d’altitude, s’insérant dans le trafic habituel.
– Elus parisiens hostiles –
Le projet, évoqué depuis fin 2020, avait déjà vu ses ambitions révisées en baisse ces derniers mois, Volocopter n’ayant pas obtenu à temps une certification de l’Agence européenne de sécurité aérienne (AESA) pour accueillir des passagers payants.
Le PDG de l’entreprise, Dirk Hoke, a attribué ce nouveau retard à « un sous-traitant américain qui n’était pas capable de fournir ce qu’il avait promis ».
Les moteurs devant équiper l’engin prévu à Austerlitz ont dû être renvoyés aux Etats-Unis afin d’être contrôlés. « Ils vont revenir la semaine prochaine, mais pas à temps pour faire les vols depuis la barge » avant la fin des Jeux, a précisé M. Hoke.
« On est un peu déçus, mais en tout cas on avait dit qu’on ne ferait aucun accommodement avec la sécurité », a ajouté M. Arkwright.
Dans sa version actuelle, l’aéronef à deux places, dont celle du pilote, est équipé de batteries alimentant 18 rotors disposés en couronne au-dessus du cockpit, et s’avère bien plus silencieux qu’un hélicoptère selon son constructeur.
Le ministère des Transports et ADP ont préféré insister ces derniers mois sur l’utilité de ces engins – dans de futures versions plus grandes – pour effectuer des évacuations sanitaires ou des transports d’organes, plutôt que de parler de « taxis volants » associés à un mode de déplacement pour les plus riches.
De fait, ce projet a rencontré l’hostilité des élus municipaux de Paris, de la majorité comme de l’opposition. La mairie, parlant d’une « aberration écologique », avait même contesté en justice l’arrêté publié le 9 juillet par le ministère des Transports et autorisant la création de l' »hélistation » d’Austerlitz.
Le 24 juillet, le Conseil d’Etat saisi en référé avait donné tort à la municipalité, en attendant une décision sur le fond censée intervenir à l’automne. Selon l’arrêté du ministère, l’autorisation d’exploitation de la plateforme court jusqu’au 31 décembre « au plus tard ».
Dans cette course contre la montre, Volocopter a aussi dû composer avec des doutes sur sa viabilité, a concédé M. Hoke, transfuge d’Airbus dont il a dirigé la branche militaire et spatiale.
« Ce n’était pas facile, mais on a réussi à stabiliser la société avec les actionnaires existants », a-t-il expliqué, disant espérer « sécuriser des investissements » d’ici à l’introduction en Bourse, prévue « autour de 2027 ».
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