Les autorités pakistanaises ont attribué à des câbles sous-marins endommagés le mystérieux ralentissement qui frappe depuis des semaines, au grand dam des militants politiques comme des chefs d’entreprise, le réseau internet du Pakistan.
Des experts en numérique estiment que l’Etat est en train de tester l’installation d’un pare-feu -un système de sécurité qui supervise le réseau et peut servir à contrôler les espaces en ligne.
« Le ralentissement actuel d’internet dans tout le pays est principalement dû à (un) défaut dans deux des sept câbles sous-marins internationaux reliant le Pakistan à l’extérieur », a déclaré mercredi dans un communiqué l’Autorité pakistanaise des télécommunications (PTA).
Ce défaut sera supprimé d’ici à début octobre, a-t-elle ajouté.
Le gouvernement avait auparavant incriminé l’utilisation de VPN (réseaux privés virtuels) par une grande partie de la population, tout en admettant que le Pakistan traversait « une période de transition ».
Les connexions ont ralenti en août de 40% par rapport à juillet, selon Shahzad Arshad, le chef de l’Association des fournisseurs d’accès à internet de ce pays.
WhatsApp et les connexions VPN sont fortement touchés. Les autorités se sont refusées des semaines durant à tout commentaire jusqu’à ce que le ministre de la Défense Khawaja Muhammad Asif explique plus tôt en août que le Pakistan connaissait « une période de transition ».
« Il y aura certains contrôles pour empêcher la diffusion de contenus menaçants et diffamatoires contre l’Etat et contre des individus », avait-il ajouté, sans préciser si cela impliquait un pare-feu.
La ministre des Technologies de l’information, Shaza Fatima Khawaja, a pour sa part nié que le gouvernement ait été à l’origine du ralentissement de l’internet, assurant qu’il n’avait duré qu' »un jour ou deux ».
La controverse intervient à un moment où l’armée, l’institution la plus puissante du pays, dit être aux prises avec « un terrorisme numérique ».
Les analystes estiment que la principale cible du ralentissement n’est autre que le parti de l’ex-Premier ministre emprisonné Imran Khan, encore très populaire et soutenu par des partisans jeunes et familiers d’internet.
L’organisation internationale de défense des droits Amnesty International a réclamé de la transparence aux autorités.
« L’opacité des autorités pakistanaises quant à l’utilisation de technologies de contrôle et de surveillance qui bloquent les contenus, ralentissent et brident l’internet, constitue une préoccupation alarmante », a déclaré un expert de l’organisation en matière de technologies, Jurre Van Bergen.
Le Pakistan table sur les exportations de son industrie technologique, naissante mais en pleine croissance.
Mais, pour Shahzad Arshad, « si cela continue, on va voir les entreprises quitter en masse le Pakistan.
« Tous droits de reproduction et de représentation réservés. © 2024 Agence France-Presse. »
Réagissez à cet article
Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous et retrouvez plus tard tous vos commentaires dans votre espace personnel.
Inscrivez-vous !
Vous n'avez pas encore de compte ?
CRÉER UN COMPTE