Le fabricant américain de semi-conducteurs Intel a annoncé lundi le report d’environ deux ans de la construction d’usines en Allemagne et en Pologne, une décision justifiée par ses prévisions d’évolution de la demande, selon un communiqué.
Si le projet n’est pas annulé, c’est néanmoins un camouflet pour l’Allemagne, qui a promis près de dix milliards d’euros de subventions pour attirer le géant des microprocesseurs à Magdebourg (centre-est).
Le chantier n’avait pas encore commencé, alors qu’Intel avait initialement annoncé le début des travaux pour le premier semestre 2023. Le retard avait été justifié par des surcoûts liés à l’inflation.
La subvention du gouvernement allemand représentait environ un tiers du coût du projet, estimé à 30 milliards d’euros.
« Le temps est venu de passer d’une période d’investissement accéléré à une cadence plus normale » et « à un plan d’investissement plus flexible et efficient », a indiqué Intel, l’un des plus anciens acteurs du secteur.
L’entreprise a massivement investi, ces derniers mois, dans des machines EUV (« extreme ultraviolet ») du Néerlandais ASML, qui permettent de fabriquer les puces les plus avancées.
Intel cherche ainsi à rattraper son retard sur le créneau des microprocesseurs adaptés au développement de l’intelligence artificielle (IA) générative.
A la différence de la plupart de ses grands concurrents, Nvidia en tête, le groupe fabrique lui-même une partie importante de ses puces.
Le directeur général Pat Gelsinger, qui a pris les commandes d’Intel en février 2021, a même poussé le développement d’une activité de prestataire, qui consiste à produire des semi-conducteurs qui n’ont pas été conçus par l’entreprise.
Mais cette division d’Intel a accumulé les pertes ces derniers mois, à hauteur de plusieurs milliards de dollars, au point que le groupe a annoncé lundi qu’il allait faire de cette activité dite de fonderie une filiale séparée.
Cette initiative pourrait notamment permettre, selon l’entreprise, de faire entrer d’autres investisseurs au capital de cette nouvelle filiale.
Pour certains analystes, il s’agit d’une première étape avant la scission pure et simple en société indépendante.
Les difficultés d’Intel l’ont conduit à annoncer, début août, un grand plan social incluant le licenciement de 15% de ses effectifs, soit environ 18.000 personnes, pour réduire ses dépenses de 10 milliards de dollars.
tu/elm/mdz
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