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Industrie: des centaines de salariés et la CGT appellent le gouvernement à « sortir du déni » face aux licenciements

Posté le par AFP

« Il n’y a pas de réindustrialisation »: plusieurs centaines de salariés de la chimie et de l’industrie dans son ensemble se sont rassemblés mercredi à Paris devant le ministère de l’Economie pour apostropher le gouvernement sur la vague grandissante de plans sociaux.

« Nous sommes ici pour forcer le gouvernement et le patronat à sortir du déni et à regarder en face la situation: il n’y a pas de réindustrialisation », a déclaré devant les manifestants Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, redoutant un « tsunami de désindustrialisation ».

Selon les dernières données de l’Urssaf publiées mercredi, les déclarations d’embauche de plus d’un mois dans l’industrie ont enregistré « une forte diminution » au quatrième trimestre 2024 (-4,2%), après un léger rebond de 0,8% au trimestre précédent.

Sur un an, en décembre, ces déclarations d’embauche « diminuent de 8,4% », ajoute l’Urssaf.

Mardi, le chimiste Arkema a annoncé la suppression de 154 postes dans son usine de Jarrie, en Isère, conséquence selon le groupe des difficultés de son fournisseur de sel, Vencorex, dont près de 400 des 460 salariés de son site de production sont également menacés de perdre leur emploi.

Arkema, Vencorex, mais aussi Michelin, Auchan et des salariés de l’énergie, entre autres, sont venus de toute la France mercredi, dans des cars affrétés par la CGT, colorant du rouge de leurs drapeaux le parvis en face du ministère.

Alors que l’argument de la compétitivité de la chimie française face à la concurrence étrangère, notamment chinoise, est régulièrement mise en avant, Séverine Dejoux, élue CGT au CSE de Vencorex, a estimé que « les coûts ont bon dos ». Selon elle, l’entreprise et l’industrie dans son ensemble payent « le manque d’investissement » dans les outils de production et l’absence de stratégie industrielle du pays.

« A l’étranger, il n’y a pas de pays industriel qui n’ait pas de stratégie industrielle », a renchéri Sophie Binet. « La Chine et les Etats-Unis en tête n’hésitent pas à nationaliser, à protéger leurs fleurons industriels, à mettre en place des plans d’investissements massifs », a-t-elle ajouté.

La Commission européenne doit présenter le 26 février son Pacte pour une industrie propre, le problème dépassant largement les frontières de l’Hexagone. « Tous les sites européens de sidérurgie sont à risque » de fermeture en 2025, a prévenu mercredi le président d’ArcelorMittal France, lors d’une audition devant la commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale.

Le mot de « nationalisation » était sur toutes les lèvres pour Vencorex. « Si vous fermez la plateforme, vous la fermez définitivement », a dit à l’AFP Christophe Ferrari, président (DVG) de la métropole de Grenoble et maire de Pont-de-Claix, où se trouve l’usine.

– « Nationalisation temporaire » –

Avant d’être reçu par le cabinet du ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, il a indiqué qu’il demandait au gouvernement une « nationalisation temporaire » de Vencorex, comme pour les chantiers navals de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) en 2018.

L’opération coûterait quelque 200 millions d’euros, selon ses défenseurs, contre un zéro de plus en cas de fermeture, pour dépolluer et démanteler le site.

« Arkema profite de la situation de Vencorex pour supprimer des emplois », a estimé Emmanuel Grandjean, coordinateur CGT d’Arkema, en évoquant un « enjeu de souveraineté industrielle » pour la France – l’usine Arkema de Jarrie fournit notamment RTE en fluides techniques pour ses transformateurs et Arianespace en carburant pour ses fusées.

Compte tenu du caractère central de Vencorex dans l’écosystème de la chimie, une chute de l’entreprise pourrait avoir « un effet domino » pour le secteur, a rappelé Serge Allègre, secrétaire fédéral de la CGT-Chimie, avec 5.000 emplois menacés en tout.

« Un pays sans industrie est un pays sans avenir », a déclaré à l’AFP Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, venu soutenir « des piliers de [l’]industrie » française.

Des salariés du distributeur Auchan, également touché par un vaste plan de suppressions d’emplois, étaient aussi présents.

Pour Jean-Paul Barbier, élu syndical CGT et salarié d’Auchan à La Seyne-sur-Mer (Var), le gouvernement doit « demander des comptes » à l’entreprise sur son utilisation des aides publiques, qui ont selon lui davantage « servi à enrichir les actionnaires » qu’à créer de l’emploi.

En début de matinée, Sophie Binet avait tenté, en vain, d’interpeller elle-même le directeur général du distributeur, Guillaume Darras, en venant avec quelques salariés aux abords de l’Assemblée nationale où le patron était auditionné.

La CGT estime à « plus de 300 » le nombre de plans de licenciements en cours en France, « menaçant quelque 200.000 emplois ».

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