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Héritage Schlumpf dilapidé: prison ferme requise, malaise de la principale prévenue

Posté le par AFP

Deux filles accablant leur mère, qui fait un malaise en fin d’audience: le procès de la fortune dilapidée de Cléophée Herrmann, unique héritière Schlumpf, a joué les montagnes russes jeudi devant le tribunal correctionnel de Colmar où des peines de prison ferme ont été requises contre les trois prévenues.

Le jugement, qui devait être rendu dans la foulée, a finalement été mis en délibéré au 17 octobre après que Josiane S., 68 ans, poursuivie pour abus de faiblesse, s’est sentie mal.

Le malaise est survenu alors que l’audience durant laquelle elle a comparu aux côtés de ses deux filles était terminée et que le tribunal délibérait dans un autre dossier.

La principale prévenue, de forte corpulence et qui se déplace avec des béquilles, s’est allongée sur un banc. L’une de ses filles, Mathilde, cardiologue, lui a prodigué un massage cardiaque, avant que les secours ne la prennent en charge rapidement et l’évacuent de la salle où régnait une forte chaleur.

– « Ricochet » –

Auparavant, le représentant du parquet, Eric Haeffele, avait requis à son encontre une peine de cinq ans de prison, dont trois ans avec sursis probatoire, et mandat de dépôt.

Il avait également demandé la confiscation des biens saisis dans l’enquête, notamment l’appartement dans lequel elle vit à Colmar, acquis avec un prêt sans intérêts de plusieurs centaines de milliers d’euros consenti par Cléophée.

Le magistrat a dénoncé une « méthode connue dans le domaine sectaire »: « isoler la victime », Cléophée Herrmann, dont deux expertises ont pointé la « particulière vulnérabilité », après la mort de sa mère quand elle avait 11 ans, puis celle d’Arlette, sa grand-mère adorée, décédée en 2008.

C’est elle qui avait fait de Cléophée l’unique héritière de la fortune familiale: plus de 11 millions d’euros issus de l’empire industriel déchu de la famille Schlumpf.

Josiane S. a profité du « vide affectif » de Cléophée, qui a souffert d’anorexie et de dépression et n’avait aucune idée de la valeur de l’argent, « pour s’imposer comme mère de substitution », « capter » son héritage avec un « train de vie somptueux », a pointé M. Haeffele.

Contre ses deux filles, Mathilde H., 33 ans, et Julia H., 40 ans, poursuivies pour recel d’abus de faiblesse, il a réclamé 18 mois de prison, dont 12 de sursis probatoire et six mois ferme aménageables.

Il a demandé à ce que les trois femmes indemnisent la victime.

Patrick Uzan, avocat de Josiane S., a évoqué la responsabilité potentielle de Patrick Herrmann, père de Cléophée, décédé en 2021 et « grand absent » du procès, dans la spoliation. L’enquête porte sur 5,4 millions d’euros envolés mais l’héritage initial dépassait les 11 millions, a rappelé le conseil.

« S’il y a un responsable moral, peut-être pénal, de ce drame », c’est lui, a pointé Me Uzan. Il a utilisé le compte en banque de sa fille « comme si c’était le sien, prélevant » par exemple en 2009 et 2010 « plus de 1,5 million d’euros », a-t-il ajouté. Si sa cliente est responsable, c’est « par ricochet ».

Ample robe noire, masque chirurgical sur le visage, Josiane S. a minimisé sa relation avec Cléophée, soutenant qu’elle n’était « pas tellement » proche d’elle mais amie avec Patrick Herrmann dont elle a « accepté les cadeaux ».

– « Revanche » –

Cléophée « a toujours donné librement », a assuré la sexagénaire, qui comparaissait sous contrôle judiciaire.

Plus tôt, Cléophée, qui travaille dans la restauration à Colmar et gagne « entre 1.200 et 1.300 euros » par mois, avait déclaré qu’être là était « une revanche » pour elle.

« Je me suis reconstruite, j’ai eu des hauts et des bas, j’ai compris la vraie vie », a poursuivi d’une voix assurée celle qui est mère d’un petit garçon.

Outre l’indemnisation de sa cliente, son conseil Vadim Hager a demandé 300.000 euros pour préjudice moral.

Les avocats de Mathilde et Julia ont plaidé la relaxe. Les soeurs, qui ont notamment profité d’un prêt sans intérêts de 150.000 euros chacune pour l’appartement de Colmar et de nombreux cadeaux de luxe, ont assuré n’avoir jamais perçu la fragilité de Cléophée, pointant la responsabilité de leur mère.

Julia l’a ainsi accusée de les avoir « manipulées ».

« Julia a profité d’affaires de luxe et maintenant elle m’écrase! », cingle Josiane, tandis que son aînée quitte la salle, en pleurs.

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