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Grippe: le grand flou sur la vaccination des enfants

Posté le par AFP

Face à l’épidémie de grippe, particulièrement virulente cette année, faut-il vacciner son enfant ? C’est possible depuis peu mais beaucoup de parents l’ignorent, d’autant que les autorités sanitaires restent discrètes sur le sujet.

« Ouvrir la vaccination à l’ensemble des enfants » de plus de deux ans: c’est, depuis, 2023, la recommandation de la Haute autorité de santé (HAS) en ce qui concerne la grippe.

Cette préconisation retrouve une actualité certaine cette année face à une épidémie de grippe particulièrement sévère. Non seulement celle-ci est notablement meurtrière chez les adultes, mais elle envoie aussi beaucoup d’enfants à l’hôpital, même si le risque de décès reste marginal dans cette tranche d’âge.

La recommandation de la HAS vise moins à protéger les enfants eux-mêmes qu’à éviter qu’ils transmettent le virus auprès, notamment, de proches plus âgés. Mais l’autorité estime que le bénéfice individuel n’est pas inexistant chez les enfants.

Ces arguments justifient déjà la vaccination anti-grippe des enfants dans d’autres pays, comme le Royaume-Uni, où elle est courante.

En France, ces recommandations n’ont presque pas été suivies d’effets.

La plupart des parents français ignorent qu’ils pourraient faire vacciner leur enfant contre la grippe. « Seulement 20% des parents sont au courant de cette préconisation », rapportait début 2024 l’Association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA) après une enquête en ligne.

Cette méconnaissance s’explique en partie par l’absence quasi-totale du sujet dans la communication des autorités sanitaires auprès du grand public.

Les campagnes de vaccination contre la grippe n’évoquent que les personnes à risque, en premier lieu les plus âgés. Les enfants ne sont jamais cités, sauf ceux atteints de pathologies particulières.

Par contraste, des campagnes ont activement encouragé les parents à recourir aux traitements préventifs de la bronchiolite chez les bébés. Et, contrairement à la grippe, la saison a été clémente en la matière avec peu d’hospitalisations, peut-être grâce à ces campagnes d’immunisation.

– Un vaccin par le nez ? –

Pourquoi un tel contraste avec le vaccin anti-grippe ? Interrogée par l’AFP, la Direction générale de la santé (DGS), qui chapeaute les campagnes de vaccination, explique que celle contre la grippe ne s’adresse qu’aux publics « prioritaires », autrement dit aux personnes risquant des complications graves.

Mais « c’est ridicule de faire une recommandation vaccinale si, ensuite, on ne se donne pas les moyens pour l’appliquer », cingle, côté pédiatres, Andreas Werner, président de l’AFPA.

Un élément peut expliquer la position des autorités sanitaires, car il retenait déjà l’attention de la HAS dans ses recommandations de 2023: une telle vaccination risque d’être mal acceptée par les parents.

L’institution n’avait ainsi pas retenu l’idée de rendre le vaccin obligatoire, ni même de le proposer aux moins de deux ans – notant des bénéfices moins probants chez les tout-petits.

Car la vaccination contre la grippe, déjà à la traîne chez les adultes, présente des spécificités de nature à décourager certains parents: elle doit être renouvelée chaque année, pour une efficacité très variable.

La HAS, largement suivie par les pédiatres, donne certes une piste pour rendre la vaccination plus acceptable: utiliser un vaccin nasal. Il en existe un, développé par le laboratoire AstraZeneca, qui sert de pilier aux campagnes britanniques mais n’est pas disponible en France.

Si elle recommande de privilégier ce mode de vaccination des enfants, la HAS ne reconnaît pas au vaccin nasal d’intérêt majeur par rapport aux autres vaccins existants, ce qui ne facilite pas son remboursement.

Une situation vivement critiquée par nombre de pédiatres, pour qui la HAS évalue trop étroitement l’intérêt du vaccin nasal en ne se concentrant que sur ses bénéfices cliniques.

« J’ai l’impression que ce sont des gens qui n’ont pas d’enfants ou qui ne travaillent pas en médecine », lâche M. Werner.

« Ici, le grand service médical rendu, c’est le mode d’administration: les parents sont tout à fait partants pour faire un pschitt au nez, mais pas des piqûres en plus » vu les nombreux vaccins déjà prévus les années suivant la naissance, conclut-il.

jdy/ic/alu/hj

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