La ministre de la Santé Catherine Vautrin a estimé mardi qu’il était difficile de mettre en place des interdictions pour limiter l’exposition des enfants aux écrans, au sortir d’échanges avec des experts plutôt favorables à mettre l’accent sur la prévention et l’accompagnement.
« L’interdiction complète est toujours très difficile », a admis Catherine Vautrin, dont le portefeuille recouvre aussi le Travail et les Solidarités, à l’issue d’une rencontre avec des chercheurs et des soignants de l’hôpital parisien Robert-Debré.
Cette visite intervient un peu moins d’un an après la remise au gouvernement d’un rapport d’experts sur les enfants et les écrans. Ce rapport recommandait notamment une interdiction complète aux moins de trois ans, sans que les modalités précises de mise en oeuvre soient indiquées.
« Vous n’êtes pas dans la vie des familles tous les jours », a souligné Mme Vautrin. « Que vous disiez +On ne met pas d’écran dans une crèche+ pourquoi pas ? Mais vous ne réglez pas le problème parce que l’enfant, le reste du temps, il est avec ses parents. »
« Je pense plutôt que toute la question, là comme ailleurs, c’est une discussion à avoir pour échanger avec les parents et expliquer le pourquoi du comment », a conclu la ministre, rejetant « une stigmatisation de l’écran en tant que tel ».
Ces propos s’inscrivent dans la lignée des échanges de Mme Vautrin avec les experts qui, sans nier la réalité de la problématique de l’exposition aux écrans, l’ont relativisée à divers titres.
Les intervenants se sont notamment montrés prudents sur les mesures à prendre à l’école. Les téléphones portables sont déjà interdits dans les écoles et collèges, mais le gouvernement veut tester la mise en place plus stricte d’une « pause numérique ».
« Il ne faut pas avoir avoir un discours pour l’interdiction des écrans à l’école: (…) c’est le seul lieu où on peut apprendre à s’en servir dans un lieu qui est sécurisé », a prévenu le chercheur Grégoire Borst, membre de la commission ayant rédigé le rapport.
Les experts et soignants ont aussi souligné l’importance de mener des études sérieuses sur les effets de l’exposition aux écrans, alors que les risques pour le développement des enfants sont loin de faire consensus sur le plan scientifique.
Enfin, ils ont mis en garde sur une focalisation excessive autour des écrans. Cela peut aboutir à des « retards de diagnostic », a prévenu le pédopsychiatre Richard Delorme, rappelant que des troubles du développement ne sont a priori pas directement provoqués par les écrans.
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