Le renforcement des droits de douane sur les voitures importées aux Etats-Unis est une catastrophe pour de nombreux constructeurs européens, notamment les Allemands, qui y réalisent une partie importante de leurs profits.
Les Etats-Unis sont un « marché clé » pour l’industrie automobile européenne, qui y a exporté en 2024 près de 750.000 voitures pour une valeur de 38,5 milliards d’euros, selon l’Association européenne des constructeurs (ACEA).
Les nouveaux droits de douane américains d’une valeur de 25% sur « toutes les voitures qui ne sont pas fabriquées aux Etats-Unis » entreront en vigueur le 2 avril, a indiqué mercredi Donald Trump.
Selon une analyse du cabinet Kearney, ces droits de douane pourraient « rapidement entraîner des pertes de plusieurs milliards d’euros et mettre en péril jusqu’à 25.000 emplois en Europe ».
Une fois leurs stocks écoulés, les constructeurs devront afficher des prix à la hausse dès cet été, et donc limiter les ventes, prévient Sébastien Amichi de Kearney.
S’il est plus aisé de remonter les prix des modèles les plus chers que des Toyota d’entrée de gamme, le niveau annoncé des droits de douane « tue » de toute façon « le bilan économique de l’importation d’un véhicule », souligne M. Amichi.
Les prix pourraient augmenter en moyenne de 4.500 dollars sur chaque véhicule, selon Bank of America.
Ferrari a déjà annoncé jeudi des hausses de 10% sur certains de ses modèles vendus aux Etats-Unis.
Dans les usines européennes, l’effet pourrait se faire sentir dès la rentrée de septembre avec des intérimaires laissés sur le carreau, prévient l’expert de Kearney.
– Volkswagen, BMW, Mercedes –
Les constructeurs allemands sont particulièrement visés par Donald Trump: ils représentent près des deux tiers des exportations européennes vers les Etats-Unis.
Volkswagen, BMW et Mercedes ont déjà affiché des résultats financiers moroses en 2024, plombés notamment par le ralentissement de leurs ventes en Chine. Si elle est confirmée, l’augmentation des droits de douane pourrait maintenant diviser leurs ventes par deux aux Etats-Unis, selon le cabinet Capital Economics.
Cela représenterait « un signal fatal pour le libre-échange », a estimé la fédération des constructeurs automobiles allemands dans un communiqué.
Audi et Porsche, les marques haut de gamme du groupe Volkswagen, fabriquent tous leurs modèles hors des Etats-Unis. Le groupe pourrait cependant décider de localiser la production de certains d’entre eux dans les usines de ses autres marques, mais cela demandera au moins 18 mois.
BMW et Mercedes exportent notamment des véhicules de taille moyenne depuis l’Europe (Mercedes GLC et Classe C, BMW Série 4) depuis l’Europe mais ils ont aussi des usines locales (en Alabama et en Caroline du Sud) où ils fabriquent leurs plus gros SUV, modèles chouchous des Américains (BMW X5, Mercedes GLE).
Ils échapperaient ainsi en partie aux droits de douane pour leurs ventes aux Etats-Unis, mais l’exportation de ces SUV vers d’autres pays pourrait devenir moins rentable, si ceux-ci décidaient de répliquer en augmentant leurs taxes.
Pour BMW, un conflit commercial « n’aurait aucun avantage », a commenté jeudi la firme munichoise dans un communiqué, appelant l’Europe et les Etats-Unis à trouver un accord et empêcher « une spirale d’isolement ».
– Stellantis, Volvo –
Le groupe Stellantis, cinquième constructeur mondial, est à cheval entre l’Europe et les Etats-Unis: il réalise la majorité de ses ventes en Europe mais surtout la majorité de ses bénéfices en Amérique du Nord, avec ses marques Jeep, Dodge, ou Ram. Il compte de nombreuses usines au Mexique comme au Canada, qui seront fortement perturbées par les taxes visant ces deux pays.
Et si Stellantis est moins exposé que d’autres au conflit commercial entre les Etats-Unis et l’Europe, il exporte quand même quelques Jeep « made in America », et importe aux Etats-Unis des petites Jeep fabriquées en Italie, ainsi que des Fiat 500, Alfa Romeo, Maserati et – ironiquement – le très américain Dodge Hornet, fabriqué en Italie.
Le britannique Jaguar Land Rover pourrait aussi souffrir avec ses voitures de luxe « made in Britain », pour qui l’Amérique du Nord représente un quart des ventes.
Le suédo-chinois Volvo, dont les SUV se vendent très bien aux Etats-Unis, a aussi une usine depuis 2015 en Caroline du Sud, et pourrait « délocaliser la production ou même délocaliser les fournisseurs vers différentes parties du monde », avait indiqué le patron de Volvo Jim Rowan en février.
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