Les réseaux de trafic de drogue ont perfectionné leurs « pratiques de vente », avec des « spécialisations » et un « cloisonnement » accru en 2023, complexifiant leur démantèlement, selon une étude de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT).
« Les investigations menées en 2023 mettent l’accent sur la spécialisation d’acteurs sur certaines activités liées aux trafics » telles que « l’acheminement des produits dans l’Hexagone » ou « la revente au détail », explique mardi l’OFDT dans son étude.
L’activité est ainsi divisée entre plusieurs acteurs qui généralement ne se connaissent pas.
Les « standardistes » reçoivent par exemple les commandes et les transmettent. Les livreurs ne rencontrent au sein du réseau qu’un fournisseur qui leur procure la drogue à livrer le jour même. Lui-même n’est en contact avec les personnes assurant le stockage et le conditionnement des stupéfiants que via un intermédiaire, décrit l’Observatoire.
« Ce cloisonnement entre acteurs du trafic a pour effet de compliquer le travail d’enquête judiciaire », relève l’OFDT.
« Les données recueillies en 2023 font toujours état d’une diversification des produits proposés et des variétés d’un même produit », souligne par ailleurs l’OFDT.
Parmi ces nouvelles drogues se trouvent notamment des médicaments psychotropes, méthamphétamines et nouveaux produits de synthèses (NPS) « dont le classement comme stupéfiant n’est pas (…) effectif » en France.
Peu accessibles dans l’Hexagone, l’acheminement depuis d’autres pays est simplifié par la livraison par voie postale.
Elle « est utilisée par des trafiquants opérant sur le darkweb ou via l’application Telegram (…) mais également par des sites internet hébergés aux Pays-Bas », détaille-t-il.
« Un nombre croissant de consommateurs » indiquent ainsi recourir à ce mode de livraison, le justifiant par un tarif plus attractif et un sentiment de sécurité accru, avec des risques d’interceptions du colis et d’interpellation jugés faibles.
Dans des villes secondaires et de petites agglomérations, il est désormais possible de commander des stupéfiants et de suivre leur acheminement par GPS.
Cette innovation technique s’accompagne d’une amélioration des pratiques de merchandising et de marketing: « de nombreux réseaux de trafic s’appuyant sur des emballages attractifs, des promotions, l’offre de goodies, des photos et vidéos au montage soigné, mobilisant par exemple l’usage de drones ou de plans séquences ».
Malgré des records avec près de 47 tonnes de cocaïne saisies par les services français chargés de la lutte anti-stupéfiants sur les 11 premiers mois de 2024, les saisies n’ont que peu de conséquences sur le trafic, notent les spécialistes. Elles ne représentent qu’une infime partie de ce qui entre et circule réellement en France.
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