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« Difficile de faire plus chahuté »: Macron de retour au salon de l’agriculture

Posté le par AFP

L’Elysée espère le calme après la tempête, les connaisseurs redoutent une tension toujours latente: Emmanuel Macron sera de retour samedi au Salon de l’agriculture, un an après son passage calamiteux, marqué par des heurts inédits en pleine colère paysanne.

Sur le papier, le chef de l’Etat table sur un format classique: inauguration de bon matin du grand rendez-vous annuel du monde agricole, passage obligé auprès d’Oupette, la vache égérie de cette édition, et puis début d’une longue déambulation pendant « le temps qu’il faudra, ni dans une logique de marathon ni dans une logique express », dixit son entourage.

L’an dernier, alors que grondait une fronde historique des agriculteurs qui dénonçaient des revenus trop bas, des conditions d’exploitation de plus en plus dures et des normes omniprésentes, la visite du président s’était déroulée dans un chaos sans précédent, entre huées, insultes, bousculades et violences.

Au prix d’une explication musclée avec les syndicats, et d’un cordon sécuritaire hors normes, Emmanuel Macron avait finalement réussi à passer dans les stands et à prolonger sa venue pendant 13 heures.

Cette année, son entourage espère que les conditions sont réunies pour un déplacement plus apaisé. « C’est difficile de faire plus chahuté! », reconnaît un proche.

Pour éviter les dérapages, l’Elysée a pris la précaution de ne pas organiser de briefing pour la presse en amont de cette édition. En 2024, c’est l’annonce par un conseiller présidentiel, aux journalistes, d’un grand débat au salon entre Emmanuel Macron et plusieurs acteurs, dont le collectif écologiste radical Les Soulèvements de la Terre, qui avait contribué à mettre le feu aux poudres.

Surtout, alors que le chef de l’Etat a été contraint de se mettre en retrait sur la scène nationale depuis la dissolution de l’Assemblée nationale, son entourage considère qu’il est moins exposé. « Les principaux sujets agricoles sont entre les mains du gouvernement », glisse le proche du président.

Côté gouvernemental, on considère aussi que tout a été fait pour un salon plus tranquille, avec l’adoption définitive par le Parlement cette semaine, à marche forcée, de la loi d’orientation agricole censée répondre aux angoisses du secteur mais longtemps retardée par la crise politique.

Malgré cette embellie, plusieurs cadres du camp présidentiel qui connaissent bien le monde paysan ont conseillé d’éviter l’habituel marathon interminable.

– « Provocation » –

« Je lui ai dit depuis longtemps d’arrêter le grand défilé de 14 heures, ça énerve les gens qui se retrouvent bloqués par des barrières », rapporte l’un d’eux, qui prévient que « c’est devenu un exercice où il faut se faire le président ».

Un autre prédit un passage « moins chaud que l’an dernier » mais avec malgré tout « des sifflets ». Il dit avoir recommandé de faire « un format grand débat » le matin, de « caresser la queue à la vache limousine » et puis de partir. Mais « je ne pense pas qu’il va m’écouter », soupire-t-il.

Si les manifestations agricoles ont peu mobilisé cette année, les messages des syndicats sont contrastés à l’égard du président, qui ne les a pas reçus avant le salon mais devrait les rencontrer sur place.

Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA, première force syndicale, salue l’adoption de la loi mais dit attendre d’Emmanuel Macron sur « son domaine réservé qui est l’international ». Les craintes sont vives face aux menaces commerciales de Donald Trump ou l’adoption d’un accord de libre-échange entre l’Europe et les pays latino-américains du Mercosur – rejeté en bloc par la classe politique française dans une rare unanimité.

« Le président sera très probablement pris à parti », avertit toutefois le syndicaliste, évoquant des « services de sécurité (…) un peu sur les dents ».

La présidente de la Coordination rurale (CR), Véronique Le Floc’h, a elle prévenu vendredi sur Europe 1 que sa venue risquait d’être une « provocation » qui « allumera le feu ». Mais elle a aussi assuré avoir passé à ses sympathisants un message d’apaisement, dans l’espoir qu’Emmanuel Macron « aura vraiment quelque chose » à leur dire.

L’an dernier, le président avait accusé la Coordination rurale d’avoir pour « projet politique » de faire « une haie d’honneur aux dirigeants du Rassemblement national ».

Or la CR a effectué une large percée aux élections des chambres d’agriculture en début d’année, bousculant l’hégémonie historique de la FNSEA qui, selon plusieurs observateurs, a de plus en plus de mal à maîtriser la situation au salon.

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