Les financements annuels dédiés à la politique de l’eau en France doivent augmenter de plus de moitié, pour faire face aux défis posés par le changement climatique, selon une étude dévoilée mercredi au Salon des maires et des collectivités locales organisé à Paris.
Entre 2013 et 2022, la France a consacré en moyenne chaque année 23,4 milliards d’euros, soit 0,84% de son PIB, à la politique de l’eau, selon cette étude financée en partie par le ministère de la Transition écologique et commandée par le Cercle français de l’eau, une association qui regroupe associations d’élus, parlementaires et industriels pour réfléchir à la politique de l’eau.
Le champ de cette étude, qui concerne la France métropolitaine, « inclut à la fois le petit cycle de l’eau (assainissement, gestion des eaux pluviales, eau destinée à la consommation) et (…) le grand cycle de l’eau » (restauration des milieux, préservation de la ressource, action de connaissance et prévention et gestion des risques d’inondation), selon Maria Salvetti, économiste spécialisée dans ces questions.
Par rapport aux dépenses actuelles de la France, « l’OCDE donne une fourchette qui va de 0,5 à 1,2% du PIB, qui doit être dépensé dans les pays développés pour les seuls services publics d’eau et d’assainissement », souligne-t-elle, contre 0,84% pour l’intégralité de la politique de l’eau, « donc, on pourrait mieux faire ».
L’étude chiffre en effet à 13 milliards d’euros les dépenses supplémentaires qu’il faudrait engager pour la politique de l’eau.
Dans ces 13 milliards, on trouve 5 milliards rien que pour les coûts environnementaux : « ce sont les coûts qui correspondent à toutes les mesures qu’il faudrait mettre en oeuvre pour atteindre le bon état écologique sur 100% des masses d’eau en France », selon Mme Salvetti.
A cela s’ajoutent 4,6 milliards d’euros par an « à investir pour moderniser et décarboner les infrastructures d’eau et d’assainissement », selon l’étude.
Enfin, l’étude évalue à 3 milliards d’euros les sommes à ajouter « pour anticiper les coûts assurantiels liés aux sécheresses et inondations ».
Alors que le dernier plan eau prévoit une baisse de 10% des prélèvements d’ici 2030, il va falloir mener « un travail approfondi sur les modèles économiques des services d’eau et d’assainissement, aujourd’hui impactés par la baisse des volumes » et donc des recettes, a souligné Célia de Lavergne, directrice de l’Eau et de la Biodiversité au ministère de la Transition écologique.
Pour elle, « le prix de l’eau va augmenter nécessairement » et la baisse de la consommation ne compensera pas totalement cette hausse du prix du mètre cube sur la facture des ménages.
Alors que ces derniers représentent déjà 53% des contributions au budget de l’eau, selon l’étude, il faut mettre davantage à contribution les industriels, estime Nicolas Garnier, délégué général du réseau Amorce, qui représente des collectivités engagées dans la transition écologique.
« Si on ne va pas chercher le pollueur, celui qui est à l’origine de cette pollution, (…) qui va payer les traitements de ces pollutions ? C’est l’usager de l’eau », a-t-il déclaré à l’AFP.
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