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CSO-3, un satellite militaire français pour mieux détecter les menaces

Posté le par AFP

Le satellite militaire CSO-3 qui doit être lancé lundi à l’occasion du premier vol commercial de la fusée Ariane 6 va améliorer les capacités de renseignement de l’armée française, explique à l’AFP le général Philippe Steininger, auteur du livre « Révolutions spatiales » et consultant du Cnes.

QUESTION – A quoi sert le satellite CSO-3?

REPONSE – C’est un satellite d’observation optique et infrarouge qui permet de faire des prises de vue de jour d’extrêmement haute résolution.

Grâce à la capacité infrarouge, il pourra détecter des sources de chaleur et prendre des vues nocturnes afin d’identifier par exemple la présence de liquide dans des tuyauteries, le passage récent d’un avion sur un parking ou la présence d’un engin blindé sous un camouflage.

C’est très important pour les forces armées pour conduire leurs opérations et pour nos autorités politiques afin de se déterminer de manière totalement souveraine, avec des renseignements de première main et qui ne dépendent de personne d’autre.

C’est important aussi pour surveiller des sites d’intérêt, voir si certains pays contreviennent à des accords internationaux ou développent des capacités d’armes de destruction massive qui sont interdites par les traités.

Ce satellite permet de faire des cartes militaires de manière très précise grâce à des prises de vue 3D. Donc lorsqu’on veut attaquer des objectifs avec par exemple des missiles de croisière, le guidage final va pouvoir s’appuyer sur des prises de vue stéréoscopiques.

Q – Comment cela marche?

R – CSO-3 (« composante spatiale optique ») va être placée sur une orbite à 800 kilomètres dite de reconnaissance comme le premier, CSO-1. Ces deux satellites seront placés en opposition de phase autour de la Terre, ce qui permettra d’avoir un survol par l’un des deux satellites au moins toutes les 24 heures d’un même point. C’est ce qu’on appelle la revisite.

Le CSO-2, lui, est placé plus bas, à 480 kilomètres et fait des prises de vue plus détaillées puisqu’il est plus proche des scènes qu’il observe.

Il fait non pas de la reconnaissance comme les deux autres, mais de l’identification.

Q – Les deux premiers satellites de cette mini-constellation ont été lancés par des fusées russes Soyouz. Que change l’utilisation d’un lanceur européen?

R – C’est toujours mieux d’avoir un lanceur à soi et de le tirer de chez soi. Cependant, avec Soyouz, on avait pris des précautions qui permettaient la confidentialité, le maintien ou la protection du secret de la défense nationale. Les Russes n’avaient pas accès aux satellites.

Il était de toute façon prévu d’arrêter la coopération avec les Russes sur Soyouz avec l’avènement d’Ariane 6.

Q – Pourquoi ce sera mieux avec trois satellites?

R – Cela ajoute de la résilience. Si aujourd’hui le premier satellite était tombé en panne ou heurté par un débris, on aurait perdu notre capacité de reconnaissance.

Vous avez aussi deux fois plus de survol. C’est intéressant pour les militaires parce que ça permet un rafraîchissement de l’information qui est meilleur.

Q – Où en sont les autres puissances spatiales?

R – C’est difficile de savoir pour la Chine, ils ne font pas de publicité autour de leurs satellites militaires. C’est plutôt 300 ou 400, des satellites qui sont capables d’une mission militaire et civile.

Les Américains qui ne font pas non plus de la publicité sur leurs lancements ont à peu près 150 satellites militaires à ce stade – c’est un chiffre qui est en rapide augmentation – dont quelques dizaines de satellites d’observation type CSO.

La Russie en a très peu, moins que nous et beaucoup de satellites qui ne tournent pas bien.

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