Les experts climatiques mandatés par l’ONU, réunis depuis lundi en Chine en l’absence notable des Etats-Unis, n’ont pas réussi à faire adopter le calendrier et le contenu de leurs travaux scientifiques par les représentants mondiaux.
L’objectif de cette réunion à Hangzhou, était de savoir à quel rythme le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), créé en 1988 pour informer les décideurs politiques, remettrait ses prochains travaux scientifiques et quel en serait le contenu.
Alors que le groupe vient d’entamer le 7e cycle de ses travaux, l’enjeu était de savoir si les trois parties principales du rapport final – couvrant la science physique, les impacts climatiques et les solutions pour réduire les niveaux de gaz à effet de serre – pourraient être rendues assez rapidement pour servir de base scientifique au « bilan mondial » de l’ONU Climat en 2028.
Cette synthèse, établie tous les cinq ans pour analyser les efforts de l’humanité pour respecter l’accord de Paris, est un document clé des négociations climatiques annuelles.
Pour la Coalition pour la haute ambition, qui regroupe des pays européens et des pays climatiquement vulnérables, fonder le rapport clé de 2028 sur de solides données scientifiques actualisées constituait un élément crucial du respect de l’accord de Paris de 2015.
De nombreux pays riches et les nations en développement les plus exposées, notamment les petits Etats insulaires, étaient favorables à un calendrier accéléré arguant que les travaux permettraient aux pays de s’appuyer sur les données scientifiques récentes.
Mais ils se sont heurtés aux objections de certains pays producteurs de pétrole ou grands pollueurs dont les émissions augmentent.
La Chine, l’Arabie saoudite, la Russie et l’Inde font partie des pays qui jugeaient le calendrier proposé trop précipité, selon le compte-rendu des sessions précédentes établi par l’Institut international du développement durable.
Les négociations à Hangzhou ont duré plus de 24 heures et se sont achevées tard dans la nuit de samedi à dimanche par un accord prévoyant la poursuite des travaux mais sans fixer de de calendrier pour le rendu de ces travaux.
Une « amère déception », a réagi Zhe Yao, conseiller politique mondial de Greenpeace Asie de l’Est.
Cette impasse « ne sert que ceux qui souhaitent retarder l’action climatique, mais les pays vulnérables ne peuvent plus attendre », a déclaré M. Yao.
« Le temps ne joue pas en notre faveur », a averti Inger Andersen, responsable du programme des Nations unies pour l’environnement, qui avait appelé à des résultats « ambitieux » lors des négociations.
La réunion a été marquée par l’absence des Etats-Unis, alors que Donald Trump, qui a annoncé le retrait des USA des accords de Paris, a pris une série d’initiatives défavorables à la lutte contre le changement climatique dès son retour à la Maison Blanche.
« Les progrès scientifiques internationaux sont essentiels à la prospérité, à l’équité et à la résilience des États-Unis et de toutes les nations », a déclaré Johan Rockstrom, éminent climatologue de l’Institut de recherche sur l’impact du climat de Potsdam.
Selon la dernière synthèse du Giec, parue début 2023, le monde est en route pour franchir au début des années 2030 le seuil de réchauffement à long terme de 1,5°C.
Mais des études récentes suggèrent que cette étape pourrait être franchie avant la fin de cette décennie.
Le 7e cycle du Giec prévoit aussi des publications thématiques, dont en 2027 un rapport très attendu sur le changement climatique dans les villes, et un un document inédit sur les méthodes, balbutiantes et critiquées, de captage et stockage du CO2.
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