Le tribunal de commerce de Lyon a accordé jeudi un délai supplémentaire de six mois, avec une audience intermédiaire le 3 avril, à l’entreprise chimique Vencorex, en redressement judiciaire et dont le sort inquiète élus locaux et industriels du secteur, selon la CGT.
Vencorex, qui compte quelque 450 salariés, a son siège social en périphérie lyonnaise et son principal site de production à Pont-de-Claix (Isère). Son concurrent, le groupe chinois Wanhua, a déposé une offre de rachat pour une partie de l’activité, selon laquelle seule une cinquantaine d’emplois devraient être maintenus.
« La période d’observation est prolongée pour six mois (…) avec une audience intermédiaire au 3 avril », a déclaré à l’AFP à la sortie de l’audience au tribunal Séverine Dejoux, élue CGT au CSE de Vencorex et représentante des salariés dans le cadre de la procédure de redressement judiciaire.
« On n’ira probablement pas aux six mois, mais en tout cas, il y a un délai au moins jusqu’au 3 avril pour étudier les offres », a-t-elle ajouté.
« On va mettre à profit ce temps pour concrétiser notre offre », a précisé Mme Dejoux, en faisant référence au dépôt par la FNIC CGT (CGT Chimie) d’un projet de « société coopérative d’intérêt collectif » (Scic), qui associerait « salariés, organisations syndicales, élus, clients et fournisseurs ».
De son côté l’offre du groupe chinois Wanhua « est encore en attente d’être améliorée et d’être concrétisée », a ajouté l’élue syndicale.
« Les prochaines semaines vont être déterminantes », a souligne Mme Dejoux, qui a défendu un projet de reprise « alternatif qui reprend l’ensemble de la production sur le site de Pont-de-Claix », y compris la mine de sel, « mais qui intègre également une revitalisation de la plateforme ».
Le projet nécessiterait un premier investissement entre 75 et 100 millions d’euros « pour démarrer l’activité », selon les estimations de la CGT, avec les éléments à sa disposition.
– Soutien de l’Etat –
Vencorex joue un rôle central pour la chimie régionale, à qui elle fournit des produits utilisés ensuite comme matières premières, dont du sel de haute qualité, également utilisé dans les secteurs du nucléaire et de l’espace.
Les porteurs du projet prévoient de solliciter l’Etat via la Banque publique d’investissement et des prêts garantis (PGE). « Aujourd’hui on leur demande un support pour pouvoir garantir l’activité de Vencorex, c’est pas la même chose que la nationalisation », a insisté Séverine Dejoux.
La secrétaire générale de la CGT Sophie Binet est venue devant le tribunal soutenir le projet aux côtés des salariés qui avaient fait le déplacement.
« On défend le droit à l’erreur et donc aujourd’hui ce qu’on offre à l’Etat c’est une session de rattrapage », a tancé Mme Binet.
« Ils ont raté la première session, la nationalisation, maintenant il faut qu’ils soient au rendez-vous pour la Scic et donc que la BPI, la Caisse des dépôts et consignations, mettent l’argent au pot. C’est un investissement ultra rentable qu’on leur propose », a assuré Sophie Binet, mettant en balance deux montants: « quelques dizaines de millions d’euros pour éviter à avoir à payer plus d’un milliard de dépollution et de coût social de la fermeture du site », selon les chiffres présentés par la CGT.
Les différents représentants de la CGT ont également interpellé le sommet de l’Etat après le discours mercredi soir d’Emmanuel Macron.
« On parle d’enjeux de souveraineté sur des productions stratégiques au niveau national. Et là je vais appeler évidemment le gouvernement à se rappeler ce qu’a dit le président Macron hier soir puisqu’on ne peut pas avoir des belles paroles et qu’il n’y ait pas d’acte derrière pour sauver l’industrie », a souligné Séverine Dejoux.
Dans une lettre fin février aux élus et syndicats, le Premier ministre François Bayrou avait écarté toute nationalisation, même temporaire, de Vencorex.
Mercredi lors des questions au gouvernement, le ministre de l’Economie Eric Lombard a estimé qu’il « n’y a malheureusement pas de modèle économique pour cette société ».
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