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Champion de la croissance et du pessimisme, le paradoxe est-allemand

Posté le par AFP

Avec son nouveau campus en construction, ses quartiers d’habitation flambant neuf et ses nombreux chantiers destinés à agrandir ou construire des usines, la ville de Iéna, à l’est de l’Allemagne, respire le dynamisme.

La cité au centre coquet, coiffé d’un gratte-ciel arrondi, symbolise l’attractivité retrouvée de nombreux territoires de l’ex-RDA.

« Depuis dix ans, la croissance à l’Est est plus importante que la moyenne nationale », explique à l’AFP Axel Lindner, chercheur à l’institut économique IW Halle.

« Quand le porte-monnaie va bien, on a immédiatement moins envie de voter pour les extrêmes », veut croire Thomas Nitzsche, le maire de Iéna, issu du Parti libéral.

Dans cette ville où l’armée prussienne fut défaite par Napoléon en 1806, suscitant le début du nationalisme allemand, l’AfD n’a, de fait, obtenu que 15% des voix aux élections européennes, un score très inférieur au reste de l’est de l’Allemagne et proche de la moyenne nationale.

Mais dans l’État de Thuringe, où est située Iéna, le parti a atteint 30% en juin, un score qu’il pourrait dépasser aux élections régionales qui se tiennent dimanche dans cet Etat et dans celui, voisin, de Saxe.

Avec des investissements en hausse et un chômage en recul, les « nouveaux » Länder ont quasiment tourné la page du marasme des années post-réunification et cumulent les bons indicateurs économiques.

« Les Länder de l’Est participent désormais (…) pleinement à la réussite et à la force de notre économie ! », s’est félicité cette semaine le chancelier Olaf Scholz, lors d’un meeting à Iéna.

-« Les plus performants »-

Centre économique de la Thuringe, Iéna dispose d’un pôle d’expertise mondialement reconnu dans le domaine de l’optique, avec nombreuses start-up et des universités réputées.

Autour de Dresde, capitale de la Saxe, c’est l’industrie des semi-conducteurs qui s’épanouit, sur fond de volonté de relocalisation de cette production stratégique en Europe.

Le PIB de l’Est va croître de 1,1% cette année, presque trois fois plus que la moyenne nationale, selon l’institut économique IFO. Le taux de chômage est passé de 11,6% à 7,8% entre 2013 et 2023.

Dans une Allemagne en pleine stagnation économique, avec une industrie exportatrice souffrant de la mauvaise conjoncture mondiale, l’économie de l’Est, dominée par des entreprises familiales et les services résiste.

La région bénéfice aussi de l’installation de projets industriels d’envergure, comme la « giga-factory » européenne de Tesla, qui a permis l’an dernier à la région du Brandebourg, près de Berlin, d’obtenir une insolente croissance de 2,1%, à rebours de la récession de l’ensemble du pays.

« Il s’est passé quelque chose que nous n’attendions pas: nous sommes les plus performants! « , s’est réjouit récemment Carsten Schneider, délégué du gouvernement en charge des Länder d’ex-RDA.

Même le pouvoir d’achat y a augmenté plus vite qu’à l’ouest, grâce à la hausse des pensions de retraites et du salaire minimum, dont les bénéficiaires sont surreprésentés dans l’ex-RDA.

Revenus et le patrimoine restent certes encore moins élevés à l’Est qu’à l’Ouest, avec toutefois un rattrapage puisque que les salaires horaires bruts moyens des travailleurs est-allemands se situaient à environ 91,0% du niveau de l’Ouest en 2022, contre 80% en 2015.

-Démographie en berne-

Selon une étude de l’institut économique IW Köln, l’inquiétude qu’expriment les électeurs de l’est dans les urnes est notamment liée à la « démographie en berne » des territoires les plus éloignés des villes, après des décennies d’émigration des travailleurs et de vieillissement de la population.

« Il y a une corrélation entre la baisse de la population et le pessimisme des habitants, nourrissant le vote contestataire », sur fond de sentiment de déclassement et de « disparition des services publics », explique à l’AFP Mathias Diermeier, l’un des auteurs.

La baisse de l’immigration, promue par l’AfD, pourrait pourtant aggraver ce phénomène, et menacer l’économie, confrontée à une pénurie grandissante de main d’oeuvre.

Avant les élections en Saxe et Thuringe, de nombreux chefs d’entreprise sont montés au créneau contre l’extrême droite, vue comme une menace pour le développement économique, insistant sur l’importance de la diversité et de l’ouverture.

D’ici 2030, la population en âge de travailler dans les régions de l’est de l’Allemagne devrait chuter de 800.000, selon des estimations du gouvernement.

fcz/smk/eb

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