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Cancer du poumon: une étape clef vers un dépistage organisé en France

Posté le par AFP

Un pas crucial vers un dépistage organisé du cancer du poumon en France: un programme pilote, ciblant certains fumeurs et anciens fumeurs, va se déployer d’ici la fin de l’année, a annoncé jeudi l’Institut national du cancer.

Causé dans environ huit cas sur dix par le tabac, ce cancer marqué par une croissance anormale et incontrôlée de cellules dans les poumons reste la tumeur maligne la plus fatale en France, avec 30.400 décès chaque année.

Si le nombre de nouveaux cas se stabilise chez les hommes, il progresse fortement chez les femmes, qui ont débuté plus tard le tabagisme. Chez elles, le nombre de décès par cancer du poumon pourrait dépasser cette année celui des morts d’un cancer du sein.

Comme les symptômes du cancer du poumon sont longs à apparaître, la majorité des diagnostics se fait à un stade trop tardif, compliquant les traitements et faisant chuter les chances de survie.

« L’intérêt du dépistage est majeur pour la santé publique », a souligné le Pr Norbert Ifrah, président de l’Inca, lors d’une conférence de presse.

Le programme pilote va inclure 20.000 participants, des personnes de 50 à 74 ans, fumeurs et ex-fumeurs sevrés depuis moins de 15 ans avec une consommation tabagique cumulée d’au moins 20 paquets par an.

Ils seront appelés à faire deux scanners thoraciques à faible dose à un an d’intervalle, puis tous les deux ans, et se verront également proposer un sevrage tabagique.

« On espère bien que les premiers scanners seront faits au début du deuxième semestre 2025 », a indiqué le Pr Ifrah.

Convaincu qu' »un certain nombre de personnes désireuses de se faire tester sont dans les starting blocks », le président de l’Inca a ajouté que les généralistes, sages-femmes, infirmiers en pratique avancée, pharmaciens, pneumologues, tabacologues, addictologues ou oncologues pourront orienter des patients vers des centres associés au dispositif.

Région par région, l’organisation va se décliner avec les agences régionales de santé.

– « Avant même 2030 » –

Les résultats de l’étude pilote « vont conditionner la généralisation du dépistage organisé », a noté le président de l’Inca, selon lequel « on peut raisonnablement espérer une généralisation avant même l’horizon 2030 ».

En France, trois cancers (sein, colorectal, col de l’utérus) font l’objet d’un dépistage organisé, proposé systématiquement à une population cible. Pour le cancer du poumon, le principal frein des autorités sanitaires a longtemps été un risque de « surdiagnostic » de tumeurs qui n’évolueraient finalement pas en cancer.

Puis plusieurs études ont démontré les bénéfices d’un dépistage organisé du cancer du poumon: un scanner à basse dose chez des personnes à risque permet de détecter tôt des petites tumeurs débutantes et de réduire d’environ 20 à 25% le risque de décès.

En 2022, la Haute autorité de santé a donc recommandé « la mise en place d’expérimentations en vie réelle avant d’envisager le déploiement d’un programme de dépistage organisé à large échelle ».

Nommé Impulsion, le projet pilote retenu est porté par un consortium coordonné par les Pr Marie-Pierre Revel (Assistance Publique – Hôpitaux de Paris) et Sébastien Couraud (Hospices Civils de Lyon).

L’objectif est de déterminer les modalités les plus efficaces et les plus sûres d’un dépistage par scanner thoracique: durée, fréquence, rôle de l’intelligence artificielle, impact économique, retentissement sur l’offre de soins, etc, selon le président de l’Inca.

L’Inca va financer à hauteur de 6 millions d’euros, montant « colossal » selon son président, et l’Assurance maladie va notamment prendre en charge à 100% les scanners.

« Chaque année, on laisse mourir un certain nombre de gens en ne mettant pas en place ce dépistage » national, avait jugé le directeur général de l’institut Gustave Roussy, Fabrice Barlesi, mercredi lors d’une conférence de presse, tout en reconnaissant qu' »il faut l’organiser ».

A l’étranger, seuls les États-Unis ont déjà généralisé le dépistage du cancer du poumon « dans l’esprit » mais il est « payant », ce qui restreint la participation, selon le président de l’Inca.

D’autres pays y travaillent, comme l’Australie, qui doit démarrer en juillet, ou des États d’Europe centrale et orientale.

Outre le tabac -« un ennemi absolu » selon le président de l’Inca-, d’autres expositions sont reconnues cancérogènes pour les poumons (amiante, gaz d’échappement des moteurs diesel, radon, certains hydrocarbures, certains rayonnements ionisants…).

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