Premiers coups de rabot dans le budget: le gouvernement a fait adopter jeudi au Sénat une diminution de plus d’un demi-milliard d’euros des crédits alloués en 2025 au plan France 2030, malgré les doutes de certains parlementaires qui ont découvert cette proposition dans la nuit.
Pour sa première intervention devant le Sénat dans le cadre de l’examen du projet de budget pour 2025, le ministre de l’Economie Eric Lombard a justifié cet effort par une « optimisation de la trésorerie des opérateurs » du programme.
Le plan France 2030, lancé en 2021, prévoit au total 54 milliards d’euros étalés sur plusieurs années pour que les entreprises de secteurs-clé allant de la santé à l’espace en passant par l’énergie, l’automobile ou l’aéronautique, les universités et organismes de recherche puissent « répondre aux défis écologiques et d’attractivité tout en faisant émerger de futurs leaders ».
Mais dans le cadre de la réduction du déficit que le gouvernement souhaite ramener à 5,4% du PIB en 2025 contre 6,1% prévus pour 2024, avec plus de 30 milliards d’économie promises par l’exécutif dans le budget, les grandes manoeuvres ont commencé.
Dans le détail, l’amendement du gouvernement, adopté par le Sénat, réduit de près de 535 millions d’euros le budget de France 2030 pour l’année 2025, pour le ramener à 5,3 milliards d’euros environ.
« Cette baisse traduit la participation de ce plan à l’effort de redressement des finances publiques de façon responsable », a expliqué M. Lombard, reconnaissant qu’un « étalement du plan » sera nécessaire, « mais sans remise en cause de son ambition pluriannuelle ».
La chambre haute, dominée par une alliance droite-centristes friande de la baisse des dépenses, a donné son accord, non sans s’inquiéter de la méthode: les parlementaires n’ont appris l’arbitrage gouvernemental que mercredi soir à 23h30, à quelques heures de son examen dans l’hémicycle, ont-ils indiqué.
« L’absence de transparence et de coordination du gouvernement est aujourd’hui regrettable pour ne pas dire surprenante et ou incompréhensible », s’est alarmé le rapporteur général du budget, Jean-François Husson (LR).
D’autres sénateurs se sont inquiétés d’une telle coupe. « Dans le plan France 2030, on a tout le financement de la recherche. Cinq cents millions, c’est de la folie douce et cela aura une incidence », a alerté Vincent Louault (groupe Indépendants à majorité Horizons).
Dans l’après-midi, les sénateurs ont par ailleurs voté un amendement de l’écologiste Yannick Jadot, contre l’avis du gouvernement, pour encourager à l’Etat à acheter une « action spécifique » au capital de l’entreprise TotalEnergies.
Cette proposition, essentiellement symbolique car impossible à mettre en place dans le cadre juridique actuel, émane d’une commission d’enquête sénatoriale sur le contrôle des activités de la multinationale pétro-gazière, menée l’an dernier par l’ex-candidat à la présidentielle.
L’idée derrière cette « action spécifique », d’un montant dérisoire de 60 euros environ, étant de permettre à l’Etat de disposer d’un « droit de regard » sur les évolutions actionnariales du groupe ou les choix du conseil d’administration, comme le déménagement possible de son siège social aux Etats-Unis.
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