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Brainstorming pour financer l’effort de défense, la gauche redoute une « guerre sociale »

Posté le par AFP

Brainstorming de ministres jeudi, branle-bas de combat vendredi avec les industriels de l’armement: Emmanuel Macron et l’exécutif s’activent tous azimuts pour doper l’effort de défense, mais le financement reste un casse-tête, la gauche mettant en garde contre le risque d' »austérité » budgétaire.

Face au rapprochement spectaculaire amorcé par les Etats-Unis de Donald Trump avec la Russie de Vladimir Poutine, potentiellement aux dépens de l’Ukraine mais aussi de l’Europe, l’Union européenne a annoncé la semaine dernière sa volonté de renforcer de manière massive sa défense.

Côté français, le chef de l’Etat veut rapidement mettre en musique cette décision qui répond à la nécessité, qu’il défend de longue date, de rendre autonome le Vieux Continent.

Mais cela pose un double problème de financement: celui du budget de la Défense au moment où la France tente désespérément de combler le trou dans ses comptes publics, et celui de la montée en puissance des fabricants d’armes, dont le passage en « économie de guerre » réclamé par les autorités depuis l’invasion russe de l’Ukraine en 2022 reste progressif.

Le président a reçu vendredi des industriels: Guillaume Faury pour Airbus, Eric Trappier pour Dassault Aviation, Eric Béranger pour MBDA, Pierre-Eric Pommellet pour Naval Group, Patrice Caine pour Thales, Olivier Andriès pour Safran ou encore Martin Sion pour Ariane Group.

Objectif: échanger sur « leur montée en capacités de production, leurs délais et leurs coûts », selon l’entourage présidentiel.

Mais les intéressés assurent avoir déjà beaucoup accéléré, au prix d’une « prise de risque énorme » ces trois dernières années, dit à l’AFP Gabriel Massoni, le porte-parole de KNDS France, fabricant du canon Caesar, dont le directeur général Nicolas Chamussy était aussi à l’Elysée. Pour aller encore plus loin, « ça dépendra des commandes publiques ».

Afin d’augmenter les « capacités », le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, a dit jeudi vouloir soutenir des industriels en difficulté, comme dans l’automobile, pour qu’ils se positionnent « sur la défense ».

– « Briser les tabous » –

Parallèlement, M. Macron a réuni jeudi, pour la deuxième fois en deux semaines, les membres du gouvernement en première ligne, en présence des chefs militaires, pour déterminer les besoins des armées dans ce nouveau contexte géopolitique.

Toutes ces réunions visent à fixer « le +quoi+ opérationnel et le +combien+ qui en découle », selon un proche du président. « Après c’est au gouvernement de trouver comment financer ».

Or ce dernier point fait voler en éclat le relatif consensus qui s’est fait jour, des Ecologistes jusqu’au Rassemblement national, en faveur d’un effort de défense accru.

Le budget de la Défense a déjà presque doublé depuis 2017 pour atteindre 50 milliards d’euros en 2025. La loi de programmation militaire prévoit un objectif de 67 milliards d’euros en 2030, mais le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, envisage désormais de le porter à environ 100 milliards.

Un effort « important » mais « pas hors de portée », a plaidé mercredi la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas. Elle a toutefois, à l’instar de M. Macron lors de son allocution télévisée du 5 mars, exclu toute hausse d’impôt ou aggravation du déficit, que l’exécutif s’est même engagé à baisser.

Le ministre de l’Economie, Eric Lombard, qui réunira mercredi avec M. Lecornu des investisseurs privés et des entreprises de défense, a confirmé son intention de « mobiliser » l’épargne des Français, sans forcément créer un livret dédié.

Mais ces dépenses supplémentaires passeront aussi inéluctablement par des économies dans d’autres secteurs, prévient l’exécutif.

Si M. Lombard assure vouloir « maintenir le système de protection sociale française », les ministres du pôle social, Catherine Vautrin et Astrid Panosyan-Bouvet, ont été conviées à la réflexion de jeudi à l’Elysée, signe que leur secteur pourrait être mis à contribution.

Certains membres de la coalition gouvernementale vont jusqu’à s’interroger sur la pertinence de la renégociation ouverte par le Premier ministre, François Bayrou, de la dernière réforme des retraites. Plusieurs plaident pour pousser l’idée de « travailler plus ».

Le ministre chargé de l’Europe, Benjamin Haddad, a même ouvert le débat sur « l’introduction d’une dose de capitalisation dans le système de retraites », jugeant que la nouvelle donne doit être l’occasion de « briser les tabous ».

Sans augmentation des impôts des plus riches, « ça veut dire qu’on va refaire encore plus d’austérité », s’est alarmée vendredi la patronne des Ecologistes Marine Tondelier. Avec le risque, selon elle, de frapper « les plus vulnérables », et donc d’émousser le soutien des Français à l’Ukraine.

L’eurodéputé de La France insoumise, Manon Aubry a mis en garde contre « une guerre sociale contre nos acquis sociaux ».

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