Le cyberactiviste béninois Steve Amoussou, accusé de diffusion de fausses nouvelles et provocation à la rébellion, a nié lundi animer un compte critique du pouvoir, au cours d’une brève audience devant la justice.
M. Amoussou est emprisonné au Bénin depuis août 2024, après avoir été « enlevé » au Togo voisin selon ses avocats. Son procès devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), a été plusieurs fois renvoyé.
Il est soupçonné d’être derrière le compte « Frère Hounvi »,un célèbre chroniqueur anonyme qui publiait des tribunes audio virales à ses 75.000 abonnés, critiquant l’action du régime du président Patrice Talon, au pouvoir depuis avril 2016.
Accusé de « harcèlement par le biais d’une communication électronique, initiation et diffusion de fausses nouvelles par le biais des réseaux sociaux, provocation directe à la rébellion », M. Amoussou a nié lundi lors d’une courte audience être l’auteur des publications de « Frère Hounvi ».
« Je ne sais pas qui est l’initiateur de la page Frère Hounvi », a-t-il déclaré devant la Cour, assurant n’avoir « aucune activité sur les réseaux sociaux ».
« Ce n’est pas en mettant les gens en prison que nous allons régler les problèmes », a-t-il ajouté.
Le procureur a de son côté indiqué que M. Amoussou avait précédemment reconnu être derrière le compte « Frère Hounvi ».
Le procès a été renvoyé au 7 avril.
En septembre 2024, la justice béninoise avait reconnu deux hommes, Jimmy Gandaho et Géraud Gbaguidi, coupables de « l’arrestation illégale » de Steve Amoussou, à Lomé.
Ils avaient écopé de deux ans de prison, dont un an ferme, mais M. Amoussou est resté emprisonné au Bénin.
Ouanilo Fagla Medegan, le patron de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information, également soupçonné d’avoir participé au rapt du cyberactiviste, avait été lui relaxé au bénéfice du doute.
La Criet a prononcé ces dernières années de lourdes peines à l’encontre de plusieurs opposants.
Il y a quelques semaines, Olivier Boko, ancien intime du président béninois, et Oswald Homéky, ex-ministre des Sports, ont été condamnés à 20 ans de réclusion pour « complot contre l’autorité de l’Etat ».
En 2021, Reckya Madougou a été condamnée à 20 ans de réclusion et à une amende de 50 millions de francs CFA (76.200 euros) pour « complicité d’actes terroristes ». La même année, un autre opposant, Joël Aïvo, a été condamné à 10 ans de prison et 45 millions de francs CFA (68.600 euros).
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