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Avec la flambée de grippe, la vaccination obligatoire des soignants en question

Posté le par AFP

Un moyen de moins transmettre la grippe à des personnes vulnérables ou un levier pas si efficace? La flambée de l’épidémie et son fort impact sur les hôpitaux a relancé en France la question sensible d’une possible obligation vaccinale des soignants.

Pour le ministre de la Santé Yannick Neuder, il faut « se poser cette question de savoir s’il y a une obligation vaccinale pour les soignants », face aux répercussions d’une grippe plus sévère cette saison, afin de préparer l’automne 2026, comme il l’a déclaré vendredi sur France Info.

L’obligation de se vacciner contre la grippe figurait dans la loi depuis 2005, mais avait été suspendue par décret en 2006, le Conseil supérieur d’hygiène publique jugeant qu’elle « risquerait d’altérer l’adhésion des professionnels ».

Depuis, la vaccination anti-Covid exigée des soignants sous peine de suspension pendant la pandémie, de l’automne 2021 au printemps 2023, a créé de vives tensions.

Fortement recommandée par les autorités, la vaccination contre la grippe demeure minoritaire parmi les professionnels de santé en France. Si la proportion actuelle n’est pas connue, elle avoisinait 22 à 25% les saisons précédentes, le tiers de l’objectif d’au moins 75% fixé par l’Organisation mondiale de la santé.

A l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, seuls 19% des soignants sont vaccinés cette saison contre la grippe, selon le directeur général Nicolas Revel. Chef des urgences à l’hôpital Delafontaine (Seine-Saint-Denis), Mathias Wargon s’est, lui, ému de n’en comptabiliser « même pas 10% » dans ses équipes, disant avoir « déjà entendu des infirmières dire: +Si c’était important, ce serait obligatoire+ ».

Quatre vaccins sont actuellement obligatoires pour les personnels des hôpitaux ou Ehpad: diphtérie, tétanos, poliomyélite et hépatite B.

Lors d’un déplacement à l’hôpital Cochin à Paris il y a une semaine, M. Neuder avait déjà estimé que « la question se posera » d’un éventuel retour d’une vaccination obligatoire des soignants contre la grippe.

S’il faut d’abord s’assurer que chaque établissement favorise « toutes les conditions d’accès à la vaccination » pour les soignants, « il ne faut avoir aucun tabou », selon ce cardiologue, qui a chargé la Haute autorité de santé de « faire le point ».

– « Au pays de Pasteur » –

A l’été 2023, cette autorité sanitaire avait considéré que la « faible couverture pose légitimement la question de l’obligation vaccinale » des soignants contre la grippe, mais ne l’avait pas préconisée.

Pour justifier sa position, elle avait évoqué « l’efficacité inconstante selon les années de la vaccination antigrippale » (de 40 à 75% ndlr), et jugé nécessaires de vastes études pour « vérifier et quantifier l’impact de la mise en place d’une obligation vaccinale des professionnels de santé sur le fardeau de la grippe nosocomiale ».

« On n’est pas ici dans l’urgence pandémique. Ne peut-on pas exiger des preuves scientifiques? », a lancé mardi sur X l’épidémiologiste Antoine Flahault, de l’université de Genève, pour qui l’obligation de vacciner les soignants n’est « pas envisageable en l’absence de preuve scientifique de réduction du risque de grippe » transmise en milieu hospitalier.

A l’inverse, l’Académie de médecine plaide depuis des années pour des vaccinations annuelles contre la grippe et le Covid obligatoires pour les soignants, considérant que, « loin d’une atteinte à la liberté individuelle », elles « font l’honneur de leur profession ».

Et de longue date, en France comme dans d’autres pays, les médecins sont globalement plus vaccinés que les infirmières, elles-mêmes davantage vaccinées que les aides-soignantes.

« Ce +gradient professionnel+ est régulièrement analysé uniquement dans l’optique d’une meilleure formation scientifique des médecins, mais c’est beaucoup plus complexe », a déclaré à l’AFP le sociologue Hugo Touzet, qui a participé à une étude sur « les aspects humains et sociaux de la vaccination en France depuis le Covid-19 ».

Ainsi, « la détérioration des conditions de travail des infirmières à l’hôpital -lorsqu’elles ne se sentent pas reconnues, mal rémunérées- peut engendrer une méfiance envers les autorités de santé et/ou leur hiérarchie, laquelle peut affecter leur perception ou leur adhésion aux vaccins », a-t-il exposé.

« Au-delà d’une obligation, (…) ce qui est très important, c’est qu’on reprenne la question de la vaccination dans notre pays », selon le patron de l’AP-HP. Pour le ministre de la Santé, au « pays de Pasteur », il y a encore « besoin de mesures pédagogiques ».

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