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Automobile: les constructeurs japonais sous pression face à l’offensive douanière de Trump

Posté le par AFP

Les géants automobiles japonais, Toyota en tête, ont dégringolé jeudi en Bourse après l’offensive douanière américaine, susceptible de les plomber sur un marché crucial et à laquelle Tokyo promet d’opposer « une réponse appropriée ».

Comme attendu, le président américain Donald Trump a étendu mercredi sa guerre commerciale au secteur automobile, en annonçant 25% de droits supplémentaires sur les voitures importées aux Etats-Unis dès le 2 avril.

La réaction en Asie a été immédiate, le Japon et la Corée du Sud représentant respectivement 16% et 15% du total de importations automobiles des Etats-Unis.

Les titres de leurs constructeurs ont plongé: à Tokyo, Toyota a lâché 2,04%, Mitsubishi 3,20%, Honda 2,47%… A Séoul, Hyundai a abandonné 4,5%.

Le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba a promis, sans précision, des mesures de rétorsion « appropriées ».

Le Japon est particulièrement vulnérable: l’an dernier, l’automobile représentait 28% des exportations nippones vers les Etats-Unis, soit 1,35 million de véhicules, pour 40 milliards de dollars.

Environ 2% du PIB japonais dépend des exportations de biens vers les Etats-Unis, et l’industrie automobile est un pilier essentiel de l’économie dans l’archipel, où environ 10% des emplois sont liés au secteur.

-« Donjon attaqué »-

Les droits américains sur l’automobile devraient « entraîner une baisse de 0,2% du PIB japonais », a estimé jeudi Takahide Kiuchi, économiste de Nomura.

Une baisse de la production de voitures aura un impact amplifié sur les pièces détachées, matériaux et autres secteurs, explique-t-il.

De quoi assombrir les perspectives de la quatrième économie mondiale, qui n’a enregistré en 2024 qu’une maigre croissance de 0,1%.

« Des ajustements de production considérables surviendront », avait prévenu dès la semaine dernière Masanori Katayama, président de l’Association des constructeurs automobiles japonais.

« Cela encouragera une contraction de la production nationale et de l’emploi (…) l’automobile est devenu la cible (de Donald Trump), le donjon est attaqué », s’alarme M. Kiuchi.

Dans le pire scénario, « si l’on considère toutes les répercussions possibles en amont et en aval, cette réduction du PIB pourrait même atteindre 0,52%: ces chiffres peuvent paraître faibles, mais la croissance du PIB est aussi très faible », indique à l’AFP Kenichiro Ahara, économiste du Dai-ichi Life Research Institute.

Pour Toyota, numéro un mondial, les Etats-Unis demeurent un marché crucial (23% de ses ventes mondiales), et comme ses rivaux nippons, il possède des chaînes de production interdépendantes dans toute l’Amérique du Nord, avec une usine au Canada et deux au Mexique, dont la production est destinée majoritairement au marché américain.

-« Complications »-

Dans l’immédiat, les constructeurs nippons pourront écouler leurs stocks surabondants entreposés sur le sol américain.

Et les modèles japonais populaires exportés aux Etats-Unis « sont généralement à haute valeur ajoutée (comme les hybrides, NDLR): même si leurs prix augmentent, il est possible que la demande ne diminue pas si fortement », tempère M. Ahara.

Enfin, les capacités de production des groupes nippons aux Etats-Unis ne tournent pas à plein régime, « ce qui offre des marges pour accroître leur production localement », observe Marcel Thieliant, du cabinet Capital Economics.

Mais « des complications supplémentaires pourraient survenir, si le coût des pièces traversant plusieurs fois les frontières explose en raison des droits de douane », avertit-il.

Que peuvent faire les constructeurs pris dans la guerre douanière? « Augmenter leurs prix, réduire les coûts, délocaliser leur production », mais pour l’instant, ils font preuve d’attentisme, résume Seiji Sugiura, du Tokai Tokyo Intelligence Laboratory.

Selon lui, les droits de douane supplémentaires pourraient coûter 11,4 milliards de dollars cumulés pour les six grands constructeurs nippons exportant aux Etats-Unis (Toyota, Nissan, Mitsubishi, Honda, Mazda, Subaru).

Certains s’efforcent déjà de s’adapter. Toyota va débuter à partir d’avril la production dans sa 11e usine aux Etats-Unis: sur les 2,33 millions de véhicules qu’il a écoulés l’an dernier dans le pays, seuls 1,27 million y ont été produits.

Le géant automobile sud-coréen Hyundai a, lui, annoncé lundi avoir l’intention d’investir aux Etats-Unis 21 milliards de dollars sur les quatre prochaines années.

L’enjeu est crucial pour Séoul: l’automobile constitue 27% des exportations sud-coréennes vers les Etats-Unis, qui absorbent la moitié des exportations de voitures du pays.

En revanche, le Japon, qui applique des droits faibles sur les produits américains importés, et la Corée du Sud, engagée dans un accord de libre-échange avec les Etats-Unis, ne devraient pas être les plus concernés par les « droits de douane réciproques » promis à partir d’avril par Washington.

hih-jug/cm

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