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Au royaume du Lesotho, une fabrique de jeans tremble face à Trump

Posté le par AFP

Dans cette usine suffocante du Lesotho, pays africain « inconnu » selon le président américain Donald Trump, des rangées d’ouvriers sont penchés sur des machines à coudre qui tournent à plein régime, produisant des piles de jeans à destination du monde entier.

Achetez un vêtement de sport chez le géant américain Walmart ou un short en denim auprès de la chaîne sud-africaine Mr Price, il y a de fortes chances qu’il ait été cousu dans cette fabrique de la capitale Maseru, qui compte 400 employés.

De taille modeste par rapport aux puissances textiles comme le Bangladesh et la Chine, l’industrie du vêtement de ce royaume montagneux voisin de l’Afrique du Sud est le plus gros employeur, avec plus de 35.000 salariés selon les chiffres officiels.

Ils s’inquiètent pour leur avenir depuis les commentaires désobligeants de M. Trump au début du mois, qui a qualifié le Lesotho de « pays dont personne n’a jamais entendu parler » en défendant ses coupes sombres dans l’aide au développement.

« Je n’avais pas de mots. A ses yeux, nous sommes inutiles », confie à l’AFP Motlatsi Marou, en sueur alors qu’il repasse un pantalon prêt à être empaqueté.

Cet homme élancé de 33 ans travaille dans l’entreprise Afri-Expo Textiles depuis deux ans, sa plus longue période d’emploi stable.

La directrice de production, Malerai Snay Mosotho, 30 ans, a été sidérée aussi: « Ca m’a fait de la peine, parce que nous faisons du bon boulot », dit-elle, pessimiste sur l’avenir des relations entre Maseru et Washington.

Ces craintes sont alimentées par les diverses décisions de M. Trump d’imposer des droits de douane et une politique de « l’Amérique d’abord », déstabilisante pour ses partenaires.

– « Forte incertitude »-

Surnommé le « royaume dans le ciel » en raison de son altitude, ce pays grand comme la Belgique comptant 2,3 millions d’habitants, est tributaire des exportations, principalement sous la forme de produits textiles destinés aux États-Unis.

Ces vêtements sont ainsi expédiés sur plus de 15.000 kilomètres dans le cadre de l’AGOA, un accord offrant des conditions d’exportation préférentielles à de nombreux pays africains.

Dans ce cadre, le Lesotho se situe derrière le Kenya, l’Afrique du Sud et Madagascar en termes d’exportations non pétrolières vers les Etats-Unis, ce qui lui a rapporté 167 millions de dollars (155 millions d’euros) en 2023.

L’accord, entré en vigueur en 2000, doit être réexaminé en septembre.

« Si l’AGOA est supprimé, l’impact sera immédiat sur l’économie car cela pourrait signifier la perte d’emplois pour 30.000 à 40.000 personnes », a déclaré à l’AFP le roi Letsie III dans son palais de Matsieng, près de la capitale.

Selon la Banque mondiale, le chômage s’élevait à près de 25% en 2023.

Pour Malira Sekonyela, responsable commerce à la Lesotho National Development Corporation (LNDC), toute rupture de l’accord commercial aurait de profondes répercussions sur tous les secteurs de l’économie.

« Il y a encore beaucoup d’incertitudes » avec cette « nouvelle administration », dit-elle, soulignant que le textile dans son pays a déjà perdu, à lui seul, plus de 1.800 emplois l’an dernier en raison de la baisse de la demande américaine.

– « Réveil » brutal » –

« C’est difficile de trouver du travail », soupire Karabelo Magapalla, qui marque des jeans pour les découper.

Embauchée en septembre, cette jeune femme de 23 ans gagne l’équivalent de neuf euros par jour pour un travail qu’elle qualifie de « stressant et déprimant ».

Mais au moins, cette orpheline ne fait vivre que sa grand-mère, contrairement à d’autres, souligne-t-elle, qui subviennent aux besoins d’une constellation de proches.

L’attitude dédaigneuse de Trump à l’égard du Lesotho a « réveillé » l’industrie textile, note Teboho Kobeli, qui a fondé Afri-Expo Textiles en 2016.

Les pays africains doivent envoyer des délégations fortes pour renégocier l’AGOA et explorer activement les marchés inexploités, en particulier en Europe, plaide l’homme d’affaires.

« L’ère des mendiants, qui obtiennent des choses pour rien, est révolue », dit-il

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